Archives pour la catégorie Dette publique

La (bonne) dette privée et la (mauvaise) dette publique !

Pourquoi parle-t-on tant de la dette publique et si peu de la dette privée ?

Depuis l’avè­ne­ment de la crise bancaire et finan­cière de 2008, laquelle à conduit à une augmen­ta­tion des dettes publiques de la quasi tota­lité des états, au nom du too big to fail, il n’est quasi­ment par une jour­née sans que l’on n’en­tende parler de la néces­sité abso­lue de réduire celle-ci. Les très (rigides et stupides) critères de Maas­tricht ne manquant pas d’être rappe­lés. Or, la dette qui a le plus augmenté ces 20 dernières années et plus parti­cu­liè­re­ment ces 10 dernières est la dette privée (+45 pts pour cette dernière contre +45 pts pour la dette publique).
Alors pourquoi cette dernière, pour­tant à l’ori­gine de la crise des subprimes aux USA qui a conduit à la crise systé­mique dont nous ne sommes pas encore sortis et dont nous ne sorti­rons peut-être pas avant la suivante, n’est-elle pas plus souvent évoquée ?
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Quel rapport entre la tran­si­tion éner­gé­tique et le chan­ce­lier alle­mand Brüning (1930–1932)

Le 17 mars 2015 dans une entre­vue de 25′ sur Media­part,  l’éco­no­miste Gaël Giraud fait un lien entre, d’une part, les mesures qu’au­rait dû prendre le chan­ce­lier Brüning pour éviter l’as­cen­sion d’Hit­ler sur fond de chômage lié à la défla­tion que sa poli­tique budgé­taire et moné­taire a induite et, d’autre part, les mesures qu’il faudrait prendre dans la zone euro afin d’évi­ter une histoire simi­laire en France (très ?) prochai­ne­ment, et peut-être ailleurs dans cette euro­zone.

Pour les abon­nés à Media­part c’est là : Gaël Giraud: « La tran­si­tion éner­gé­tique est un idéal de société »

Sinon direct sur Youtube , c’est ICI. 
Et si vous n’avez qu’une minute ou deux, extraits verba­tim ci-dessous
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Trou de la sécu : 83% des dépenses sont liées aux mala­dies chro­niques dont le nombre explose

Le « trou » de la sécu on en parle depuis long­temps. Chaque année ou presque des rustines permettent de limi­ter ce trou. Mais, hélas, cela ne conduira qu’à réduire les soins pour un nombre de personnes modestes de plus en plus impor­tant. Le 1 € de parti­ci­pa­tion forfai­taire lors d’une consul­ta­tion chez un méde­cin fait partie de cet arse­nal de rustines visant les plus modestes d’entre-nous.

Or 83% des dépenses de la sécu sont desti­nées à des soins liées au mala­dies chro­niques dont le nombre explose : depuis 1990, les mala­dies cardio­vas­cu­laires ont progressé 5 fois plus vite que la popu­la­tion, le cancer 4 fois plus, les affec­tions psychia­triques 3 fois plus, le diabète 6 fois plus (depuis 2000), …

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La partie illé­gi­time de la dette publique

France : qui paye la dette et à qui profite le crime ?
Envi­ron 70 % des créances sur les dettes publiques sont possé­dées par les 10 % les plus riches de la popu­la­tion qui perçoivent donc 70 % des inté­rêts.

   Le budget 2011 de la France c’est en gros 200 Md€ de recettes, 290 Md€ de dépenses dont près de 60 Md€ d’in­té­rêts de la dette publique (Merci Giscard et ta loi dite Roth­schild de 1973 !).

   Si vous n’ai­mez pas lire, je vous propose cette récente video (Marianne, mai 2014). Reve­nez éven­tuel­le­ment lire la suite de l’ar­ticle après.

  L’im­pôt étant assez peu redis­tri­bu­tif, on comprend donc que le système de la dette publique enri­chit les plus riches au détri­ment des plus pauvres, lesquels payent des impôts – TVA à 20% en parti­cu­lier – sans avoir de patri­moine finan­cier rému­néré.

  Ce premier graphique, illustre le fait que ce sont les 90% les plus pauvres (barres rouges) qui globa­le­ment remboursent la dette au 10% les plus riches (les trois barres vertes) :

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   Selon que l’on est dans une des trois parties de ce dernier décile (90–95%, 95–99% ou 99–100%), bien évidem­ment l’on y gagne plus ou moins.

   Dans ce deuxième graphique, est estimé le pour­cen­tage des reve­nus consa­crés par chacun au rembour­se­ment de la dette.

charge-nette-dette-en---revenus-par-decile-france-2010-O-B.jpg  Comme indiqué, les 90% les plus pauvres perdent 2,5% de leur reve­nus (de –3,9% à –1,5%) pour amélio­rer de 3,5% les reve­nus des 5% les plus riches !

   En résumé : baisse des impôts des plus riches depuis 30 ans => plus d’épargne pour les plus riches => plus de reve­nus finan­ciers pour ces derniers qui s’en­ri­chissent => encore plus d’épargne pour ces encore plus riches => encore plus de reve­nus finan­ciers …. Voir en fin d’ar­ticle le graphique repré­sen­tant le taux d’épargne médian en fonc­tion des reve­nus : –20% (= dette) pour les 20% les moins riches à +40% pour les 20% les plus riches !

   Durant ce temps là les pauvres sont toujours plus pauvres, et comme crise et inéga­li­tés sont indu­bi­ta­ble­ment liées cela risque donc de durer, un moment je vous le dis ! Au moins tant que, a minima, la loi Roth­schild ne sera pas abro­gée, c’est à dire les Trai­tés de Maas­tricht et de Lisbonne qui la consacre.

   Cela ne saurait évidem­ment être suffi­sant : il faut mettre en oeuvre d’autres solu­tions. Et chaque jour qui passe, c’est notre argent qui dispa­raît au profit de qui vous savez main­te­nant.

Pour en savoir plus lire l’ar­ticle d’Oli­vier Berruyer : Perte du Triple A : origine et consé­quences

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Taux d’épargne médian par quin­tile de revenu dispo­nible

Taux_epargne_median_selon_quintile_2010Source du graphique : Les hauts reve­nus épar­gnent‐ils
davan­tage ?, p.55, ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 472–473, 2014, Insee.
Note : Le revenu dispo­nible comprend les reve­nus d’ac­ti­vité et de rempla­ce­ment, les pres­ta­tions sociales et les reve­nus du patri­moine. Il est net des impôts directs (impôt sur le revenu, CSG, CRDS et taxe d’ha­bi­ta­tion).

En 2003, les 20 % de ménages les plus aisés (soit 5 millions de foyers) dispo­saient de 40 % du revenu dispo­nible (993,4 milliards d’eu­ros), quand les 20 % les moins aisés n’en rece­vaient que 8 %. Autre­ment dit le niveau de vie des 20 % des ménages les plus aisés est en moyenne 5 fois plus élevé que celui des 20% les plus modestes.

Insta­bi­lité finan­cière, crises & conflits

   Au vu de l’ins­ta­bi­lité finan­cière depuis 1900, mesu­rée selon un indice proposé par deux cher­cheurs du FMI, on peut légi­ti­me­ment se poser la ques­tion de l’im­pact de cette insta­bi­lité finan­cière mondiale sur les crises écono­miques et conflits armés qu’a connu le monde depuis cette date.
   Concer­nant l’Eu­rope, à feu entre 1914 et 1945, on peut aussi se poser la ques­tion : la paix qu’elle connait depuis depuis est-elle à porter au crédit de la construc­tion euro­péenne ou au crédit des mesures prises pour éviter cette insta­bi­lité finan­cière ? Quelques éléments de réponse ci-dessous.

   Le FMI a publié en décembre 2013, ce docu­ment de travail : « Finan­cial and Sove­reign Debt Crises : Some Lessons Lear­ned and Those Forgot­ten » (Carmen Rein­hart et Kenneth Rogoff). Le résumé est visible à partir de cette page du FMI et l’ar­ticle télé­char­geable . En français cela donne Crises des dettes publiques et finan­cières : quelques leçons appirses et celles oubliées.

À partir des données et du graphique de la page 5, le maga­zine Alter­na­tives Écono­miques a recons­truit celui-ci dans son article inti­tulé Un siècle d’ins­ta­bi­lité finan­cière . Repro­duit ci-dessous, j’y ai rajouté quelques événe­ments : les deux guerres mondiales (1914–1918, 1939–1945) et deux actes marquant de la régu­la­tion et de la déré­gu­la­tion finan­cière aux USA et en France. Il s’agit du Glass-Stea­gall Act (1933, USA) établi par Roose­velt et de la loi 45–15 (1945, France) établie par le Conseil Natio­nal de la Résis­tance.

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   Paral­lè­le­ment à la suppres­sion de cette loi fonda­men­tale de la régu­la­tion finan­cière, la déré­gu­la­tion de la finance s’est ampli­fiée et géné­ra­li­sée depuis 35 ans. Concer­nant les prin­ci­paux pays, elle est repré­sen­tée par ce graphique extrait de l’ar­ticle 30 ans de déré­gu­la­tion finan­cière (source : les-crises.fr). Concer­nant la France, on peut consta­ter que l’al­ter­nance UMP/PS n’a rien changé au rythme de déré­gu­la­tion de la finance. On peut au contraire consta­ter que c’est entre 1984 et 1992, alors que le PS est au pouvoir, que la déré­gu­la­tion est la plus impor­tante et rejoint le pelo­ton de tête dans lequel la précèdent de peu, les États-Unis et le Royaume-Uni. C’était dans l’air du temps (Reagan, That­cher, …) me direz-vous !

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Les mêmes allures doivent se retrou­ver dans nombre d’autres pays du monde, sauf peut-être en Chine deve­nue capi­ta­liste, où la finance reste sous contrôle de l’État.

   Ques­tion : comme le suggère le titre de l’ar­ticle « Finan­cial and Sove­reign Debt Crises : Some Lessons Lear­ned and Those Forgot­ten », c’est à dire Crises finan­cières et des dettes publiques : quelques leçons apprises et certaines oubliées, saurons-nous reprendre les rènes de la finance avant que ces crises ne se trans­forment en conflit ?

   La récente loi française de « non-« sépa­ra­tion des acti­vi­tés bancaires ne semble pas abon­der en ce sens. Dommage !

Évolu­tion de la dette publique hors service de 1979 à 2009 : sans les inté­rêts, elle repré­sen­te­rait 9 % du PIB en 2009

   Sur ce graphique, établi par l’éco­no­miste A.-J. Holbecq*, l’on visua­lise :

  • En trait noir gras continu : la dette publique réelle. 
  • En rouge, l’évo­lu­tion de la dette publique hors service, c’est à dire en consi­dé­rant un taux d’in­té­rêt des emprunts à taux nul !
  • En poin­tillé mauve, la partie de la dette corres­pon­dant aux inté­rêts.

Autre­ment dit l’aug­men­ta­tion de la dette entre 1979 et 2009 est unique­ment lié aux taux d’in­té­rêt. Sans ces inté­rêts, elle serait de 9% du PIB !!!!

Le rebond qui appa­rait à partir de mi 2008 est l’ef­fet de la crise finan­cière.

Evolution-Dette-constatee-et-sans-interets-1979-2009_HolbecCe graphique est paru dans l’ar­ticle  » Un billet impor­tant de André-Jacques Holbecq sur la dette publique  » sur le blog de Jean Gadrey, Profes­seur émérite d’éco­no­mie.

* A.J. Holbecq est l’au­teur avec Étienne Chouard et Philippe Derru­der de l’ou­vrage : La dette publique, une affaire rentable : A qui profite le système ?

Étienne Chouard explique bien tout ceci dans une courte video de 6’15 ».

Sépa­ra­tion des acti­vi­tés bancaires de dépôt, d’af­faire et de crédit en France : l’équi­valent du Glass-Stea­gall Act étasu­nien en France

  Source prin­ci­pale de l’ar­ticle : Mettre les banques au pas et redon­ner le LA (le Glass-Stea­gall global et le précé­dent français)

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  ACTION URGENTE : pour contrer la paro­die de sépa­ra­tion des acti­vi­tés propo­sée dans le projet de loi soumis au conseil des ministres du 19 décembre 2012,
signez l’appel pour une VRAIE sépa­ra­tion des banques d’af­faires et des banques de dépôt.

Vous pouvez préa­la­ble­ment lire les décla­ra­tions de 130 person­na­li­tés (banquiers, finan­ciers, chef d’état, direc­trice du FMI, écono­mistes, traders, …) s’étant pronon­cées en faveur d’une VERITABLE scis­sion entre banque d’af­faire et banque de dépôts.

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  L’équi­valent du Glass-Stea­gall Act étasu­nien de 1932 (président Roose­velt) sépa­rant les banques en deux caté­go­ries (banque de dépôt et banque d’af­faire) est la loi 45–15 (2 décembre 1945)

   Cette loi française – issue du programme du Conseil Natio­nal de la Résis­tance – défi­nit non pas deux mais trois types de banques : les banques de dépôt, les banques d’af­faires et les banques de crédit. Elle a été abolie en 1984, par le gouver­ne­ment . . . Mitter­rand/Mauroy/Delors au nom de la moder­nité. La banque univer­selle d’avant 1945 est alors réta­blie !!!!!!

    En 2012, le système bancaire française est devenu un véri­table oligo­pole contrôlé par les « quatre gros » (ils ont tout avalé) : BNP-Pari­bas, Société géné­rale, Crédit agri­cole et Caisse d’épargne-Banque popu­laire. Le Glass-Stea­gall act étasu­nien ne sera aboli aux USA qu’en 1999, sous Clin­ton !

    Notons que jamais une si longue période sans crise finan­cière mondiale n’avait préva­lue : de 1929 jusqu’à 2007 soit près de 8 décen­nies !

   Le gouver­ne­ment britan­nique prévoit de contraindre, les banques à isoler leur banque de détail des acti­vi­tés de marché d’ici 2019. Avant les Britan­niques, le conseiller du président améri­cain Barack Obama, Paul Volcker, avait prôné l’idée en 2009, sans succès.

  En 2012, nombreux poli­tiques et écono­mistes se prononcent pour son réta­blis­se­ment. Rocard par exemple est caté­go­rique sur le sujet.

  La propo­si­tion 7 de Hollande (prési­den­tielle 2012) y fait une timide allu­sion : « Je sépa­re­rai les acti­vi­tés des banques qui sont utiles à l’in­ves­tis­se­ment et à l’em­ploi, de leurs opéra­tions spécu­la­tives. ».

  Le Front de gauche propose sur ce sujet : L’  » Adop­tion d’une loi portant créa­tion d’un pôle public finan­cier trans­for­mant notam­ment la poli­tique et les critères du crédit «  tout en impo­sant « la sépa­ra­tion des banques de dépôt et des banques d’in­ves­tis­se­ment. ».
Ci-dessous extrait – très légè­re­ment rema­nié – de l’ar­ticle de Bertrand Buis­son évoqué en sous-titre.

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[…] 1945, le Glass-Stea­gall français issu du programme du Conseil Natio­nal de la Résis­tance

    « Au lende­main de la victoire rempor­tée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’as­ser­vir et de dégra­der la personne humaine », le gouver­ne­ment provi­soire avait les coudées franches pour mettre à bas la « dicta­ture profes­sion­nelle » qui avait dominé l’éco­no­mie, donc la poli­tique française. Le 2 décembre 1945, la loi 45–15 rela­tive à la natio­na­li­sa­tion de la Banque de France et des grandes banques et à l’or­ga­ni­sa­tion du crédit, venait concré­ti­ser les réso­lu­tions prises sous l’oc­cu­pa­tion par le Conseil Natio­nal de la Résis­tance.

Cette loi défi­nit clai­re­ment « trois caté­go­ries de banques : les banques de dépôt, les banques d’af­faires, les banques de crédit à long terme et à moyen terme » ; insti­tue un Conseil natio­nal du Crédit, repré­sen­ta­tif des forces vives de la nation, aux pouvoirs régle­men­taires et non simple­ment consul­ta­tifs ; établit un dispo­si­tif sérieux de « contrôle des banques d’af­faires » en nommant pour chacune d’elles un commis­saire du gouver­ne­ment, muni de pouvoirs d’in­ves­ti­ga­tion et chargé de veiller à la régu­la­rité de leurs opéra­tions et à leur confor­mité avec « l’in­té­rêt natio­nal ».

    Ce Glass-Stea­gall français est à l’op­posé de ce qu’on appelle aujourd’­hui « régu­la­tion ». Il ne s’agit pas d’une simple surveillance a poste­riori des orga­nismes de crédit, comme il est d’usage aujourd’­hui, mais d’une régle­men­ta­tion inté­grale des acti­vi­tés bancaires afin que l’al­lo­ca­tion du crédit privé s’adapte aux lignes fixées par le Plan.

Les pouvoirs magiques du Glass-Stea­gall

Pris comme une simple mesure tech­nique, sépa­rer les banques ne sert à rien. Si le dispo­si­tif créé par la loi du 2 décembre 1945 a pu engen­drer les Trente Glorieuses, c’est qu’il a créé les condi­tions d’un véri­table système de crédit produc­tif, impli­ci­te­ment anti-moné­ta­riste. En natio­na­li­sant la Banque de France, le gouver­ne­ment a pu déclen­cher une poli­tique de crédit public sans précé­dent, en utili­sant pour l’équi­pe­ment à long terme la capa­cité du Trésor public de présen­ter ses effets à l’es­compte de la Banque de France à des taux préfé­ren­tiels. Il s’agit pour le Trésor (au nom du gouver­ne­ment), dans le cadre de la plani­fi­ca­tion et d’une poli­tique cohé­rente de déve­lop­pe­ment du terri­toire, d’ob­te­nir en créa­tion moné­taire auprès de la Banque de France, l’équi­valent des richesses futures que créera l’uti­li­sa­tion de ce crédit. Pour la première fois dans notre histoire, l’État put devan­cer le déve­lop­pe­ment écono­mique, assu­rant ainsi un cycle long de crois­sance physique.

D’ailleurs, nous devons bien avoir conscience que ce méca­nisme vertueux ne pouvait avoir lieu que dans le cadre du système de taux de change fixe établi à la confé­rence de Bret­ton Woods, en juillet 1944. Des taux de changes flot­tant au bon gré des spécu­la­teurs ne permettent pas de poli­tique d’in­ves­tis­se­ment à long terme. Le Glass-Stea­gall global de demain ne peut qu’al­ler de pair avec un nouveau Bret­ton Woods proté­geant les systèmes de crédit au sein de chaque écono­mie natio­nale.

1984, l’es­broufe de la banque « univer­selle » du gouver­ne­ment Mauroy (prési­dence Mitter­rand)

Aux États- Unis, la loi Glass- Stea­gall insti­tuée en juin 1933 sous l’im­pul­sion du Président Roose­velt, fut abro­gée en 1999 sous la prési­dence Clin­ton.

   La France, quant à elle, avait déré­gle­menté bien plus tôt : c’est sous l’égide de Jacques Delors, ministre de l’Éco­no­mie et des Finances de François Mitter­rand, que la loi bancaire 84–46 du 24 janvier 1984 (dite de « moder­ni­sa­tion » !) abro­gea la loi du 2 décembre 1945. Elle fit dispa­raître la distinc­tion fonda­men­tale des acti­vi­tés bancaires sous un titre unique, les « établis­se­ments de crédit » , les libé­rant ainsi de toute contrainte sur l’ori­gine et l’in­ves­tis­se­ment de leurs ressources. C’est ce qu’ils nomment fière­ment « banque univer­selle ».

   A la tribune de l’As­sem­blée natio­nale, Delors avait prétexté la néces­sité de s’adap­ter à l’en­vi­ron­ne­ment inter­na­tio­nal pour justi­fier la créa­tion d’une véri­table « commu­nauté bancaire » au nom de « la liberté d’as­so­cia­tion » (sic). La sépa­ra­tion « entrave le déve­lop­pe­ment d’une saine concur­rence », disait-il. On a vu le résul­tat. Aujourd’­hui, la banque française est deve­nue un véri­table oligo­pole contrôlé par les « quatre gros » (ils ont tout avalé) : BNP-Pari­bas, Société géné­rale, Crédit agri­cole et Caisse d’épargne-Banque popu­laire.

[…]

    Texte inté­gral : Mettre les banques au pas et redon­ner le la : LE GLASS-STEAGALL GLOBAL et le PRÉCÉDENT FRANCAIS.

Y a-t-il une corré­la­tion entre dette publique, dépenses publiques et prélè­ve­ments obli­ga­toires ?

   Ce 1ergraphique repré­sente le niveau de dettes publiques en fonc­tion du niveau de dépenses publiques dans l’Union Euro­péenne à 27, rela­ti­ve­ment au PIB. Il s’agit de l’an­née 2008. La crise bancaire et finan­cière de 2008 a modi­fié quelque peu la donne mais pas signi­fi­ca­ti­ve­ment sur l’en­semble des pays.

Corrélation dettes publiques 2008 vs Dépenses publiques 2
La corré­la­tion semble peu signi­fi­ca­tive. On constate en parti­cu­lier que la Suède et le Dane­mark présentent les niveaux de dépenses publiques les plus élevés et les dettes publiques parmi les plus faibles. À l’in­verse, la Grèce présente un niveau de dépenses publiques rela­ti­ve­ment faible et une dette parti­cu­liè­re­ment élevée. Les pays aux plus faibles niveaux de dette et de dépenses publiques sont, à l’ex­cep­tion du Luxem­bourg, para­dis fiscal, des pays peu déve­lop­pés (Bulga­rie, Esto­nie, Letto­nie, Litua­nie, Rouma­nie, Slovaquie). 

   Le 2egraphique repré­sente le niveau de dettes publiques en fonc­tion du niveau de prélè­ve­ments obli­ga­toires dans l’Union Euro­péenne à 27, rela­ti­ve­ment au PIB. La crise bancaire et finan­cière de 2008 a modi­fié quelque peu la donne mais pas signi­fi­ca­ti­ve­ment sur l’en­semble des pays. Les prélè­ve­ments obli­ga­toires repré­sentent l’es­sen­tiel des recettes publiques.

Corrélation dettes publiques 2008 vs TPO 2007 UE27 - Euros
La corré­la­tion semble peu signi­fi­ca­tive égale­ment. On constate, là encore, que la Suède et le Dane­mark présentent les niveaux de prélè­ve­ments obli­ga­toires les plus élevés et les dettes publiques parmi les plus faibles. À l’in­verse, la Grèce présente un niveau de prélè­ve­ments obli­ga­toires rela­ti­ve­ment faible et une dette parti­cu­liè­re­ment élevée. Les pays aux plus faibles niveaux de dette et de dépenses publiques sont, à l’ex­cep­tion du Luxem­bourg, para­dis fiscal, des pays peu déve­lop­pés (Bulga­rie, Esto­nie, Letto­nie, Litua­nie, Rouma­nie, Slovaquie)). 

   Rien de bien surpre­nant à ces constats : la dette publique repré­sente la somme des dettes annuelles cumu­lées. Les dettes annuelles sont la diffé­rence entre recettes – essen­tiel­le­ment consti­tuées des prélè­ve­ments obli­ga­toires – et dépenses publiques. Elles sont donc indé­pen­dantes des niveaux de recettes et dépenses publiques mais unique­ment de l’éga­lité entre ces deux quan­ti­tés.

   Concer­nant les recettes publiques, si la TVA en consti­tue la prin­ci­pale, l’im­pôt sur les reve­nus, du travail et du capi­tal, n’en est pas moins négli­geable lorsque la progres­si­vité est effec­tive. Hélas, ce n’est plus une réalité dans nombre de pays, dont la France, depuis une tren­taine d’an­nées.

   Concer­nant la France, l’en­semble des prélè­ve­ments obli­ga­toires est très légè­re­ment progres­sif (90% les reve­nus les plus faibles), voire fran­che­ment dégres­sif pour les très hauts reve­nus (1% des reve­nus les plus élevés), comme l’at­teste les travaux de Piketty &Co résu­més par ce graphique repro­duit ci-dessous.

Systeme imposition peu progressif decomposition par impotsSource du graphique : http://www.revo­lu­tion-fiscale.fr/le-systeme-actuel/des-impots-progres­sifs-/12-un-systeme-faible­ment-progres­sif-decom­po­si­tion-par-impots-

   Et pour­tant, la plupart des pays de l’OCDE ont connu, durant les Trente glorieuses, une impo­si­tion sur les reve­nus bien plus progres­sive, comme l’at­teste le graphique de ce billet : Cassez-vous, très riches cons !

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Mots-clés : corré­la­tion, lien, rela­tion cause à effet

IMPÔTS : faudrait savoir !

Impôts : inver­sion de tendance euro­péenne !

Comme c’est bizarre, comme c’est étrange !

On nous martèle depuis plus de dix ans, de la droite dure à la gauche molle, que les impôts plombent la compé­ti­ti­vité de nos entre­prises, favo­risent les délo­ca­li­sa­tions, et, pour les parti­cu­liers, brisent les initia­tives et favo­risent l’exil de nos « élites ».

Et soudai­ne­ment, après avoir peu ou prou tenté l’op­tion de réduire les consom­ma­tions publiques (oui, une dépense publique est une consom­ma­tion collec­tive de bien ou de service), nombre de pays euro­péens retrouvent les vertus des impôts.

Comme c’est bizarre, comme c’est étrange et quelle coïn­ci­dence !!!!

Coïn­ci­dant avec la surve­nue de la crise finan­cière (sept 2008), laquelle a induit la crise des dettes publiques, on constate un ralen­tis­se­ment, voire une inver­sion de tendance du taux d’im­po­si­tion, dans l’Eu­ro­zone (union à 17) et l’Union à 27.

De-la-vertu-retrouvee-des-impots.gif
Figure 1 : Taux d’im­po­si­tion moyens dans l’Union euro­péenne (TVA) et dans la zone euro (taux margi­nal de l’im­pôt sur les reve­nus et taux d’im­po­si­tion sur les béné­fices des entre­prises), en %. Source : Euro­stat.

Graphique tiré de l’ar­ticle : Fisca­lité : la tendance s’in­verse, Guillaume Duval, Alter­na­tives Écono­miques, n° 314 – juin 2012

    

Comme quoi, quand on veut, il n’est pas néces­saire d’at­tendre une déci­sion euro­péenne !

Cela étant, à quand une régle­men­ta­tion euro­péenne d’har­mo­ni­sa­tion sociale et fiscale  en lieu et place du dumpingauquel on nous avait habi­tués ?

Préju­gés sur les dépenses publiques

17) Préju­gés sur les dépenses publiques

17–1)« Il y a trop de dépenses publiques ! »

FAUT VOIR ! Qui dit « trop », signi­fie qu’il faut en suppri­mer. Pourquoi pas ! Mais lesquelles et selon quels critères ?

Un constat : les dépenses publiques repré­sentent une part crois­sante du PIB .

Pourquoi ?

600x450-ct249 De 1978 à 2010 (33 ans), le poids des dépenses publiques dans le PIB s’est accru de 11,9 points de PIB. Comment une telle progres­sion se justi­fie-t-elle ?

Si l’on compare l’évo­lu­tion entre l’an­née 1978 et l’an­née 2010, la décom­po­si­tion de la progres­sion est la suivante :Evolution_entre_1978_et_2010_depenses_publiques_par_nature

De 1978 à 2010, l’aug­men­ta­tion des dépenses de fonc­tion­ne­ment (+1,3 pt) ne repré­sente que 11% de l’aug­men­ta­tion totale (+11,9 pt).

Peut-on, en rédui­sant le nombre d’em­plois publics (santé, éduca­tion, travailleurs sociaux, recherche, …) réduire ces dépenses sans enta­mer la qualité des services publics ?

Pas sûr !

N’est-il pas légi­time que le coût de la santé s’ac­croisse paral­lè­le­ment au déve­lop­pe­ment de nouvelles théra­pies ?

L’on peut cepen­dant se poser la ques­tion de la préven­tion : ne serait-il pas moins coûteux de préve­nir certaines mala­dies. Non seule­ment celles liées à notre mode de vie indi­vi­duel (séden­ta­rité, alimen­ta­tion, …) mais aussi à notre envi­ron­ne­ment collec­tif (polluants chimiques , …).

N’est-il pas légi­time que l’édu­ca­tion et la forma­tion prennent une part crois­sante ? Doit-on délé­guer ces fonc­tions à des établis­se­ments privés ?

Concer­nant les rému­né­ra­tions des emplois publics (fonc­tions publiques d’état, terri­to­riale et hospi­ta­lière), voir : Préju­gés sur les fonc­tion­naires.

L’es­sen­tiel de l’aug­men­ta­tion est due aux dépenses de trans­fert (+9,3 pts) et prin­ci­pa­le­ment celles de pres­ta­tions sociales (+7,5 pts) qui repré­sentent 63% de l’aug­men­ta­tion totale.

 Faut-il réduire ces pres­ta­tions sociales qui repré­sentent 45% des dépenses publiques ?

Ces pres­ta­tions concernent : la santé (mala­die, acci­dents du travail, inva­li­dité), la vieillesse et survie, la mater­nité  et la famille, le chômage, le loge­ment, la pauvreté et l’ex­clu­sion sociale.

Sur la pauvreté et l’ex­clu­sion, voir : Préju­gés sur les minima sociaux.

Sur la mater­nité et la famille, voir : Préju­gés sur les pres­ta­tions fami­liales.

Sur le chômage, voir : Préju­gés sur le chômage.

Sur la protec­tion sociale (santé et retraites ) : patience !

Hormis ces deux gros postes de dépenses (fonc­tion­ne­ment et pres­ta­tions) qui repré­sentent 80% de la dépense publique, il reste 20% se décom­po­sant en : charges d’in­té­rêts de la dette (4%), subven­tions et autres trans­ferts courants (10%), et enfin inves­tis­se­ment (6%) comme l’illustre ce graphique pour l’an­née 2010 :Repartition-depense-publique-2010_Gouv-2012

Source : Rapport sur la dépense publique et son évolu­tion, p. 11, graphique 1, Minis­tère du budget, des comptes publics et de la réforme de l’Etat, 2012.

En savoir plus : « La France a-t-elle trop de dépenses publiques ? » (C. Chava­gneux, Alter­na­tives écono­miques, juin 2012). L’ar­ticle réalise une compa­rai­son inté­res­sante avec l’Al­le­magne qui serait plus vertueuse en la matière et qu’il faudrait imiter selon certains !

17–2)  » Les charges pèsent trop sur les entre­prises et péna­lisent leur compé­ti­ti­vité ! »

FAUX ! Les « charges », que l’on devrait appe­ler coti­sa­tions sociales, sont des prélè­ve­ments obli­ga­toires sur votre salaire « super-brut ». Ils sont partie inté­grante de votre salaire « super-brut », lequel est la somme de votre salaire brut et des « charges » patro­nales. Les « charges » sala­riales sont préle­vées de votre salaire brut et conduise au salaire net. L’en­semble de ces « charges » contri­buent pour l’es­sen­tiel à votre propre protec­tion sociale (retraite, chômage, mala­die). Les autres prélè­ve­ments contri­buent à des objec­tifs collec­tifs ciblés tel le loge­ment,  les trans­ports, la forma­tion, ….Il s’agit donc en fait d’une partie des salaires qui est, soit différé (retraite, chômage, …) , soit socia­lisé (santé, éduca­tion, recherche, …).

    Notons au passage que les coti­sa­tions mala­die, famille et retraite, sont gérées par la Sécu­rité Sociale, orga­nisme de droit privé (ses employés ne sont donc pas des fonc­tion­naires !).

Une part plus réduite (CSG, …) de ces « charges » contri­bue au budget de l’état afin de procé­der à une redis­tri­bu­tion des richesses et/ou d’as­su­rer le fonc­tion­ne­ment des pouvoirs réga­liens (ordre, sécu­rité, justice, …) de l’état . Voir graphique ci-dessus répar­ti­tion de la dépense publique.

En résumé, ces « charges » corres­pondent donc à des dépenses collec­tives et ne pèsent donc pas plus sur les entre­prises que le salaire net. Il va de soit que bais­ser, l’un, l’autre ou les deux, fait bais­ser le coût du travail et peut donc augmen­ter la compé­ti­ti­vité  des entre­prises si celles-ci réper­cutent cela sur leur prix plutôt que sur leur profits.

Cepen­dant, si ces « charges » n’exis­taient pas, ce serait à chacun d’entre-nous de les réali­ser indi­vi­duel­le­ment en prenant des assu­rances privées pour nous proté­ger des acci­dents de la vie : chômage, mala­die, vieillesse, …

Ce système serait-il plus juste ? Moins coûteux ? Pas sûr ! Un bon exemple sont les dépenses de santé dans les pays de l’OCDE. Les Etats-Unis est un des rares pays où la part les dépenses privées (complé­men­taires santé, reste à charge) de santé sont plus impor­tantes que celle des dépenses publiques (sécu, …). Et c’est pour­tant le pays où la part des dépenses de santé dans le PIB est de loin le plus impor­tant : 15,3% contre 11,1% en France et 10,6% en Alle­magne. Pour quel résul­tat ? Concer­nant l’Al­le­magne rela­ti­ve­ment à la France, lire Santé : maîtrise des dépenses en France, finan­ce­ment prag­ma­tique en Alle­magne (Alter­na­tives écono­miques, avril 2012).

Un seul indi­ca­teur : l’es­pé­rance de vie en 2010 était de 3,2 ans moins élevée aux Etats-unis qu’en France, l’Al­le­magne et le Royaume-Uni se situant entre les deux (resp. 80 et 80,4 ans)

Au Royaume-Uni,  les dépenses totales de santé sont infé­rieures de 2,7 pts de PIB par rapport à la France. Cepen­dant, la part publique y est plus impor­tante qu’en France (87% contre 79,5% ). Notons qu’une spéci­fi­cité du système de santé britan­nique réside dans le fait que les méde­cins sont des employés du public.

Le graphique ci-dessous fait état des dépenses de santé dans divers pays de l’OCDE.Depenses_sante_privees_et_publiques_en_part_de_pib

 17–3)   » Les prélè­ve­ments obli­ga­toires limitent le pouvoir d’achat et péna­lisent donc l’em­ploi ! »

FAUX ! Les prélè­ve­ments obli­ga­toires corres­pondent à des dépenses collec­tives qui de fait se traduisent par des achats (collec­tifs) de biens ou de services. S’agis­sant des services, tels l’édu­ca­tion et la forma­tion, la santé, la recherche, l’aide au retour à l’em­ploi, . . . elles se retrouvent dans la consom­ma­tion des employés du public. S’agis­sant de biens, tels les infra­struc­tures routières, ferro­viaires, les établis­se­ments scolaires, les loge­ments sociaux, les équi­pe­ments spor­tifs ou cultu­rels,  …. elles génèrent de l’em­ploi, non délo­ca­li­sable, dans le bâti­ment, le génie civil, …

Si ces dépenses collec­tives n’exis­taient pas, ce serait à chacun d’entre-nous de réali­ser indi­vi­duel­le­ment certaines d’entre-elles auprès d’opé­ra­teurs privés (complé­men­taire santé, complé­men­taire retraite, établis­se­ment scolaire et univer­si­taire privés, cliniques privées, ….). Ce système serait-il moins coûteux ? Pas sûr : quid du coût de la commu­ni­ca­tion des entre­prises pour atti­rer des clients ? Quid de la rému­né­ra­tion des action­naires ?

En outre, ce système serait-il plus juste ? Un coup d’oeil outre-atlan­tique suffit à se rendre compte du contraire : ne peuvent prendre des assu­rances que ceux qui en ont les moyens. L’on voit ainsi des gens ne pouvant se soigner ou devant travailler jusqu’à la mort !

Préju­gés sur les fonc­tion­naires

15) Préju­gés sur les fonc­tion­naires

15.1) « Il y a trop de fonc­tion­naires ! » *

FAUT VOIR ! On ne peut en effet répondre sans connaître le critère à l’aune duquel les fonc­tion­naires seraient jugés en « trop » grand nombre.

    Toujours est-il qu’ avec 88 emplois publics pour 1.000 habi­tants, la France se situe au 6e rang des 19 pays de l’OCDE, au même niveau que le Royaume-Uni. À l’ex­cep­tion de la Finlande qui se situe avec le Canada avec un taux voisin de 100, les pays scan­di­naves – qui se portent très bien, merci – culminent aux alen­tours de 150, soit 70% de plus. Le taux des États-Unis (peu soupçon­nables de collec­ti­visme) est de 75. Enfin, en bas de l’échelle, se trouvent le Japon et la Grèce (dont on envie le niveau de dette publique !!!!) avec un taux voisin de 40–45.

    Le graphique ci-dessous illustre le taux d’ad­mi­nis­tra­tion pour 19 pays de l’OCDE pour 4 années sur 15 ans (1993, 1998, 2003 et 2008) :

Taux d administration pays OCDE-1993-2008 CAS-2010-copie-1
APU : Admi­nis­tra­tions PUbliques
Source : p.8 de Tableau de bord de l’em­ploi public , Centre d’Ana­lyse Stra­té­gique, déc.2010.

Et combien ça coûte ?

    Comme l’illustre le graphique ci-dessous, la part des rému­né­ra­tions publiques est d’en­vi­ron 10–12% pour nombre de ces pays.

Part-remuneration-publique-dans-PIB-pays-OCDE-2008_CAS-2010.jpg
Le nombre de fonc­tion­naires, répar­tis au sein des trois fonc­tions publiques (d’État, terri­to­riale et hospi­ta­lière) est de 5,3 millions dont 4,4 millions de titu­laires, les seuls dispo­sant de la sécu­rité de l’em­ploi (source : Chiffres clés de la fonc­tion publique, DGAFP, Minis­tère de la fonc­tion publique, 2011) et repré­sen­tant 14% des emplois français. Le nombre total d’emplois publics (voir ci-dessous) est de 6,1 millions, soit 20% des emplois.

Diffé­rence entre le fonc­tion­na­riat et l’em­ploi public :

     La notion de « fonc­tion­naire » étant très diffé­rente d’un pays à l’autre, afin de réali­ser une compa­rai­son inter­na­tio­nale, le Centre d’Ana­lyse Stra­té­gique préfère la notion d’« emploi public », qui inclut les sala­riés d’or­ga­nismes payés sur fonds publics. Comme par exemple des agents de la Sécu­rité sociale (contrat de droit privé) ou des ensei­gnants en école privée sous contrat.

Et à quoi servent-ils, ces emplois publics ?

     Dans tous ces pays, les secteurs de l’édu­ca­tion, de la santé et de la protec­tion sociale, repré­sentent à eux seuls entre 45 et 75% des emplois publics. Pour plus de détail sur la venti­la­tion des dépenses et leurs évolu­tions depuis 50 ans, voir  » Il y a trop de dépenses publiques « 

Source : tableau de Bord de l’em­ploi public : situa­tion de la France et compa­rai­sons inter­na­tio­nales, Synthèse, CAS, 2010.

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* L’énoncé « Il y a trop de fonc­tion­naires ! » est géné­ra­le­ment asso­cié à (choix non exclu­sif) :

  1. « il faut réduire les dépenses publiques » suivi de « afin de réduire la dette publique »

  2. « ils ne foutent rien » ou « ils ne sont pas produc­tifs ».

Préju­gés sur la dette publique

Douzième d’une série d’ar­ticles démon­tant les préju­gés sur la pauvreté, le chômage, l’as­sis­ta­nat, l’im­mi­gra­tion, les Roms, les impôts, la dette, . . .

12) Sur la Dette publique

12–1) « La dette publique, c’est la gauche »

FAUX ! Sans commen­taires

DettePubliqueFrancaise_gauche_vs_droite.jpg

 Pour une courbe de la dette publique : ICI (wiki­pe­dia selon Insee). 

12–2) « Pour sortir de la crise de la dette, il faut réduire les dépenses publiques »

FAUX !  C’est une possi­bi­lité mais certai­ne­ment pas une obli­ga­tion : on peut aussi choi­sir de main­te­nir les recettes, voire de les augmen­ter !

Pour cause de modi­fi­ca­tion de la légis­la­tion fiscale (bouclier fiscal, …) les recettes sont passées de 44,3 % à 42,5% du PIB entre 1999 et 2008. Si cette légis­la­tion n’avait pas été modi­fiée, les recettes repré­sen­te­raient 45,3 % en 2008, soit 3 points de PIB en plus !

La dette publique aurait alors été infé­rieure de 20 points de PIB car la charge des inté­rêts annuels eut été réduite de 0,5 point de PIB  et serait alors à peine supé­rieure aux 60% du PIB auto­ri­sés par le Traité de Maas­tricht. 

Source : « Rapport sur la situa­tion des finances publiques », Jean-Philippe Coris & Paul Champ­saur, resp. direc­teur et ex-direc­teur de l’INSEE, mai 2010. « Rapport d’in­for­ma­tion 2689 », Gilles Carrez, député UMP, juillet 2008. Commen­tés tous deux dans cet article : « Ces dix années de cadeaux fiscaux qui ont ruiné la France », L. Mauduit, juil. 2010. (pour les non abon­nés, me deman­der).

Rappe­lons que la moitié des allè­ge­ments fiscaux provient de la baisse de l’im­pôt sur le revenu : 2 % de PIB contre 0,6 % pour la baisse de TVA et 0,5 % pour la baisse de l’im­pôt sur les socié­tés.

Source : « Rapport d’in­for­ma­tion 2689 », pp. 9–12, Gilles Carrez, député UMP, juillet 2008.

Ce qui a profité aux plus riches : le taux margi­nal de l’im­pôt sur le revenu est passé de 53 % à 40 % entre 2002 et 2007 (mandat de N. Sarkozy). 

Source : rapport d’in­for­ma­tion « Quels chan­ge­ments d’as­siette pour les prélè­ve­ments fiscaux et sociaux ? », Sénat, 2012. Ou ICI (wiki­pe­dia).

Si vous pensez qu’in­dé­pen­dam­ment de la ques­tion des recettes, il faut réduire les dépenses publiques, je vous invite à lire les articles sur la ques­tion : préju­gés sur les dépenses publiques .

Deux Prix Nobel d’éco­no­mie état­su­niens parlent de l’Eu­rope et de sa poli­tique d’aus­té­rité.

 Paul Krug­man fait le bilan de la crise en zone euro dans le New-York Times : Le suicide écono­mique de l’Eu­rope, (Euro­pe’s Econo­mic Suicide), 15 avril 2012.

« Il est donc diffi­cile d’évi­ter un senti­ment de déses­poir. Plutôt que d’ad­mettre qu’ils ont eu tort, les diri­geants euro­péens semblent déter­mi­nés à conduire leur écono­mie – et leur société – au bas de la falaise. Et le monde entier en paiera le prix. »

(de l’an­glais : « So it’s hard to avoid a sense of despair. Rather than admit that they’ve been wrong, Euro­pean leaders seem deter­mi­ned to drive their economy — and their society — off a cliff. And the whole world will pay the price. »)

Joseph Stiglitz, « l’Eu­rope va droit dans le mur » dans une inter­view dans la Tribune de Genève, 16 avril 2012

« La seule bonne chose de l’an­née 2011, c’est qu’elle a été meilleure que ne le sera 2012 », estime le prix Nobel d’éco­no­mie.

Si l’Eu­rope pour­suit ses programmes de restric­tion, « les années à venir seront vrai­ment dures ».

« La situa­tion en Europe préoc­cupe Joseph Stiglitz : « Les chances de résoudre le problème par de nouvelles écono­mies sont proches de zéro », relève-t-il dans une inter­view donnée au Tages-Anzei­ger. L’Eu­rope est même « mena­cée à court terme d’une deuxième réces­sion ».

 « La plupart des gouver­ne­ments euro­péens épargnent, ce qui accen­tue le ralen­tis­se­ment écono­mique » constate le cher­cheur et écono­miste améri­cain.

Et contrai­re­ment aux promesses faites, « on ne voit toujours pas poindre la lumière au bout du tunnel ».

 « Il n’y a au monde pas un seul exemple qui montre qu’il est possible d’as­sai­nir un État malade en rédui­sant les salaires, les rentes et les pres­ta­tions sociales », pour­suit l’an­cien prix Nobel.

« La crois­sance ralen­tit, les recettes fiscales baissent et la ques­tion de l’en­det­te­ment n’est pas réso­lue » ajoute-t-il en substance.

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Post scrip­tum : ces cita­tions ne signi­fient pas que je consi­dère les paroles de ces prix (de la Banque centrale de Suède en sciences écono­miques en mémoire d’Al­fred) Nobel, comme véri­tés incon­tes­tables. Sur ce prix : Le « prix Nobel d’éco­no­mie » : une habile mysti­fi­ca­tion.

Qu’est ce que la partie illé­gi­time de la dette ?

  France : qui paye la dette et à qui profite le crime ?

  Envi­ron 70 % des créances sur les dettes publiques sont possé­dées par les 10 % les plus riches de la popu­la­tion, qui touchent donc 70 % des inté­rêts.

Le budget 2011 de la France c’est en gros 200 Md€ de recettes, 290 Md€ de dépenses dont près de 60 Md€ d’in­té­rêts (Merci Giscard et ta loi « Roth­schild de 1973 !)

  L’im­pôt étant assez peu redis­tri­bu­tif (nette­ment moins que l’écart de patri­moine), on comprend donc, que le système de la dette publique enri­chit les plus riches au détri­ment des plus pauvres, lesquels payent des impôts sans avoir de patri­moine finan­cier rému­néré.

  Ce premier graphique, illustre le fait que ce sont les neuf premiers déciles (barres rouges) qui globa­le­ment remboursent la dette au dernier décile (les trois barres vertes)

charge-nette-dette-par-decile-france-2010-O-Berruyer-perte.jpg

Selon que l’on est dans une des trois parties de ce dernier décile (90–95%, 95–99% et 99–100%), bien évidem­ment l’on y gagne plus ou moins.

Dans ce deuxième graphique, est estimé le pour­cen­tage des reve­nus consa­crés au rembour­se­ment de la dette.

charge-nette-dette-en---revenus-par-decile-france-2010-O-B.jpg

Comme indiqué, les 90% les plus pauvres perdent 2,5% de leur reve­nus (de-3,9% à –1,5%) pour amélio­rer de 3,5% les reve­nus des 5% les plus riches !

En résumé : baisse des impôts des plus riches depuis 30 ans => plus d’épargne pour les plus riches => plus de reve­nus finan­ciers pour ces derniers qui s’en­ri­chissent = > encore plus d’épargne pour ces encore plus riches => encore plus de reve­nus finan­ciers ….

Durant ce temps là les pauvres sont toujours plus pauvres, et comme crise et inéga­li­tés sont indu­bi­ta­ble­ment liées.

Cela risque donc de durer, un moment je vous le dis ! Au moins tant que la loi Roth­schild ne sera pas abro­gée, c’est à dire le Traité de Maas­tricht et de Lisbonne.

Mais cela ne saurait être suffi­sant : il faut mettre en oeuvre d’autres solu­tions . Et chaque jour qui passe, c’est notre argent qui dispa­raît au profit de qui vous savez main­te­nant.

Pour en savoir plus lire l’ar­ticle d’Oli­vier Berruyer : Perte du Triple A : origine et consé­quences

crisenuls

DETTE PUBLIQUE : L’ad­di­tion, service non compris, s.v.p. !

Que serait notre dette publique si nous avions pu conti­nuer à emprun­ter à la Banque de France ?

Outre l’ef­fet de la crise finan­cière débu­tée en septembre 2008, la crois­sance de la dette publique de la France entre 1973 et 2012 a deux causes prin­ci­pales :

  • L’ac­crois­se­ment des inéga­li­tés : sur ce point voir Crise et inéga­li­tés, y a-t-il un rapport ?
  • La loi de dite « Roth­schild » de 1973 en France, géné­ra­li­sée au pays de l’Eu­ro­zone depuis le Traité de Maas­tricht ;

En vertu de cette loi, le Trésor public ne peut plus emprun­ter à la Banque de France à faible taux, voire à taux zéro, ce qu’il faisait depuis toujours.

De quel montant serait la dette publique aujourd’­hui si cette loi n’exis­tait pas ?

Dans un billet impor­tant de André-Jacques Holbecq* sur la dette publique , ce dernier nous a produit ce graphique (cliquez pour agran­dir) :Evolution-Dette-constatee-et-sans-interets-1979-2009_Holbec
   L’on constate que malgré le rebond depuis 2008, début de la crise finan­cière, la dette publique reste très faible. Infé­rieure même à ce qu’elle était en 1979, 5 ans après la loi « Roth­schild » de VGE (1973). Soit 9% du PIB !

Autre­ment dit, sans ces inté­rêts – qui repré­sentent chaque année la tota­lité de l’im­pôt sur le revenu, 25% du budget de l’état – il n’y aurait pas de défi­cit public ! L’ac­crois­se­ment des dépenses publiques hors rembour­se­ment des inté­rêts de la dette n’y est donc pour rien dans notre endet­te­ment crois­sant puisque ces dépenses publiques ne s’ac­croissent pas depuis 30 ans. Seules les recettes baissent !

Rappel au sujet de la crise débu­tée en 2008 qui a accru la dette publique : la sépa­ra­tion des acti­vi­tés bancaires de dépôt et d’in­ves­tis­se­ment, l’équi­valent du Glass-Stea­gall Act étasu­nien de 1932 (voir mon billet : Le Glass-Stea­gall Act français) est votée en décembre 1945 et sera abrogé par le gouver­ne­ment Mitter­rand-Mauroy, sous l’im­pul­sion de J. Delors en 1984 ! Bien avant les USA qui ne l’abo­li­ront que 15 ans plus tard, en 1999. Huit ans après, la crise des Subprimes faisait entrer le monde dans une crise mondiale.

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* A.-J Holbecq , écono­miste travaillant plus parti­cu­liè­re­ment sur la monnaie et la dette publique, a écrit plusieurs ouvrages dont en 2002 Un regard citoyen sur l’éco­no­mie.

Évolu­tion de la dette publique hors service de 1979 à 2009 : sans les inté­rêts, elle repré­sen­te­rait 9 % du PIB en 2009

   Sur ce graphique, établi par l’éco­no­miste A.-J. Holbecq*, l’on visua­lise :

  • En trait noir gras continu : la dette publique réelle. 
  • En rouge, l’évo­lu­tion de la dette publique hors service, c’est à dire en consi­dé­rant un taux d’in­té­rêt des emprunts à taux nul !
  • En poin­tillé mauve, la partie de la dette corres­pon­dant aux inté­rêts.

Autre­ment dit l’aug­men­ta­tion de la dette entre 1979 et 2009 est unique­ment lié aux taux d’in­té­rêt.Sans ces inté­rêts, elle serait de 9% du PIB !!!!

Le rebond qui appa­rait à partir de mi 2008 est l’ef­fet de la crise finan­cière.

Evolution Dette constatee et sans interets 1979-2009 Holbec

Ce graphique est paru dans l’ar­ticle : Un billet impor­tant de André-Jacques Holbecq sur la dette publique

sur le blog de Jean Gadrey, Profes­seur émérite d’éco­no­mie.

* A.J. Holbecq est l’au­teur avec  Étienne Chouard et Philippe Derru­der de l’ou­vrage : La dette publique, une affaire rentable : A qui profite le système ?

Étienne Chouard explique bien tout ceci dans une courte video de 6’15 »