Archives pour la catégorie Croissance

Faut-il réha­bi­li­ter Malthus ? Oui et non

Pourquoi OUI et NON ? Parce que comme chez de nombreux auteurs, il y a du bon et du mauvais, du vrai et du faux. Ceci est d’au­tant plus vrai que l’ auteur consi­déré, tel Malthus (1766–1834) ici, est ancien.

Je passe­rais rapi­de­ment sur l’ar­gu­ment portant sur le statut de Malthus, « Cet homme, qui, soit dit en passant, était pasteur angli­can » (sic dans cet article). Comme  si l’on pouvait discré­di­ter les travaux de Mendel sous prétexte qu’il était moine catho­lique !
Nota : ayant trouvé, depuis l’écri­ture de cet article, un autre plus convain­cant, je vous en suggère la lecture :  L’injus­tice faite à Malthus. Mais n’hé­si­tez pas à reve­nir ici pour débattre

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Le signal prix dans l’usage de la voiture

La taxa­tion du carbone pour la réduc­tion de l’usage de la voiture parti­cu­lière : utile ou néces­saire ?

Cet article fait suite à l’ar­ticle Au sujet du prix du carbone ques­tion­nant de l’uti­lité ou de la néces­sité du prix à donner au carbone afin de réduire les émis­sions de gaz à effet de serre pour atteindre l’objec­tif des +2°C maxi­mum, le fameux facteur 4 concer­nant les pays riches dont la France fait partie. Dans ce précé­dent article nous avions survolé les diffé­rents impacts du prix du carbone sur les choix de consom­ma­tion : sur l’ali­men­ta­tion, sur l’éner­gie (chauf­fage ou élec­tri­cité rési­den­tielles), sur les trans­ports de personnes. Nous allons ici nous foca­li­ser sur ce dernier aspect : l’im­pact du signal prix sur les émis­sions de gaz à effet de serre dues à l’usage de la voiture parti­cu­lière.
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Depuis la crise de 2007–2008, la crois­sance est sur une tendance bien plus faible qu’a­vant !

   Le graphique ci-dessous illustre le propos du direc­teur de la recherche écono­mique chez Natixis, filiale de BPCE, lequel écrit dans son article : « Le FMI s’in­ter­roge sur la crois­sance à moyen terme » :  » Dans son rapport d’avril 2015, le FMI s’in­ter­roge sur la possi­bi­lité de conver­ger vers la trajec­toire de crois­sance d’avant crise. Sa réponse est clai­re­ment néga­tive : la crois­sance poten­tielle, celle qui ne crée pas de tensions infla­tion­nistes, sera dura­ble­ment plus réduite que celle consta­tée avant la crise. [..] On ne retour­nera pas vers la tendance passée mais pire on s’en éloi­gnera de plus en plus. « .

Depuis la crise de 2007-2008, la croissance est sur une tendance bien plus faible qu'avant !

   Cette tendance ne fait donc que confir­mer la baisse tendan­cielle inéluc­table du taux de crois­sance que Jean Gadrey mettait en évidence en 2009 dans son livre « Adieu à la crois­sance ».

   Vous pouvez en retrou­ver un résumé sur son blog. L’ar­ticle «  La baisse tendan­cielle du taux de crois­sance » (oct. 2009) se décom­pose ainsi :

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Le décou­plage entre PIB et Empreinte écolo­gique est-il possible ?

On entend encore dire :  » conti­nuons à nous déve­lop­per car cela nous permet­tra d’être écono­mique­ment plus riches et tech­no­lo­gique­ment plus perfor­mants, et donc cela nous permet­tra de résoudre les problèmes écolo­giques « .

Parfois, ceux qui disent cela, pour faire sérieux, évoquent la courbe envi­ron­ne­men­tale de Kuznets, dont la vali­dité est, hélas pour eux, contes­tée.

Tentons de poser le problème en deux graphiques montrant les faits, dont on dit qu’ils sont têtus !

La corré­la­tion Empreinte écolo­gique / PIB par habi­tant d’un pays est mani­feste

correlation_empreinte_ecologique_pib.png

Atten­tion : les échelles sont loga­rith­miques afin de permettre de visua­li­ser sur un même graphique la plupart des grands pays dont les PIB et les empreintes écolo­giques par habi­tant varient d’un facteur 1 à 10 !

L’Empreinte écolo­gique d’un habi­tant d’un pays est donc forte­ment corré­lée au PIB/habi­tant de ce pays (2003). Diffi­ci­le­ment contes­table !

Mais ce qui est globa­le­ment vrai aujourd’­hui peut-il être faux demain et/ou pour certains pays ? Autre­ment dit peut-on décou­pler, la crois­sance du PIB de la crois­sance de l’em­preinte écolo­gique, en parti­cu­lier pour les pays dont cette dernière est IN-SOU-TE-NABLE ? Ces pays sont tous ceux dont l’em­preinte par personne est supé­rieure à 2 ha envi­ron, c’est à dire TOUS les pays dits déve­lop­pés, France incluse bien sûr.

  L’ Alle­magne, l’ex­cep­tion ?

Prenons le cas de l’Al­le­magne, un des rares pays qui a vu son empreinte écolo­gique par habi­tant se réduire depuis 1980 alors que son PIB par habi­tant crois­sait. Sur le graphique ci-dessous, sont repré­sen­tés le PIB/alle­mand (courbe bleue), l’em­preinte écolo­gique/alle­mand (courbe pourpre) entre 1960 et 2005. L’Al­le­magne a mani­fes­te­ment réussi de décou­pler l’em­preinte écolo­gique du PIB de ses habi­tants.

Est-ce suffi­sant ?

Pour cela nous avons prolongé la tendance de l’évo­lu­tion de l’Em­preinte écolo­gique (droite rouge) jusqu’à ce que qu’elle croise la valeur soute­nable (droite verte). Soute­nable signi­fie celle à laquelle chaque être humain à droit si l’on admet qu’elle doit être égale pour tous, Alle­mands, Français, Chinois, Brési­liens, …

Projection_evolution_empreinte_ecologique_allemands_WWF-200.png

  Source : Supplé­ment France du Rapport Planète Vivante 2008GlobalFoot­printNet­work.

  Que consta­tons-nous ?

L’em­preinte écolo­gique d’un alle­mand devient soute­nable à partir de . . . 2067 (envi­ron 1 ha pour chacun des 10 probables milliards d’hu­mains).

  Que pouvons-nous en conclure ?

Au vu de ces tendances, la DETTE ÉCOLOGIQUE qui conti­nuera à s’ac­cu­mu­ler jusqu’à cette date sera-t-elle rembour­sable ? Et si la charge de cette DETTE, sur laquelle il ne sera pas possible de faire défaut, augmente ?

La charge de cette DETTE, c’est à dire le coût crois­sant qu’il faudra consen­tir à payer pour la rembour­ser, ne conduira-t-il pas à un moment donné à rendre inéluc­table le « défaut de paie­ment », c’est à dire l’ef­fon­dre­ment de nos socié­tés, inca­pables de restau­rer l’en­vi­ron­ne­ment sur lequel s’ap­puie pour­tant leur fameuse crois­sance ?

L’avè­ne­ment du pic de produc­tion du pétrole ainsi que celui de bien d’autres ressources ne consti­tuent-ils pas déjà des obstacles à la restau­ra­tion de notre envi­ron­ne­ment duquel on prélève des quan­ti­tés sans cesse crois­santes de matières premières néces­saires à notre « PIB » ?

Vers la fin de cette vidéo Sans lende­main l’on peut voir les courbes de consom­ma­tion de nombreuses ressources natu­relles NON RENOUVELABLES. C’est vers la 24e minute !

Ques­tion sans réponse : pour que l’em­preinte écolo­gique décroisse à un rythme suffi­sam­ment vite pour que la dette soit rembour­sable, ne faut-il pas que le PIB croisse moins vite, voire DÉCROISSE ?

Mais est-ce la bonne ques­tion ? N’est-elle pas plutôt : étant donné qu’une rapide décrois­sance de notre empreinte écolo­gique est un impé­ra­tif, un objec­tif vital, la ques­tion du sens de l’évo­lu­tion du PIB qui s’en­sui­vra n’est-elle pas dénuée d’in­té­rêt, ou tout au moins secon­daire ?

Cepen­dant, si la ques­tion du décou­plage de la crois­sance et de l’em­preinte écolo­gique vous travaille, alors je vous invite à lire cet article de Jean Gadrey : Alain Lipietz et le « décou­plage » entre crois­sance du PIB et réduc­tion de l’em­preinte écolo­gique.

Le cas de la France et de nos voisins Belges et Espa­gnols

Evolution EE & PIB par habitant France-Belgique-Espagne-All

Adden­dum 2018 :
Pour finir, pour ceux que la décrois­sance (des riches) fait peur, je vais rajou­ter une couche :

Selon la Banque mondiale, le PIB-PPA par  humain était en 2016 de 15.583 $ . Soit mensuel­le­ment 1.298 $ (soit 1.427 Euros au taux de change moyen 2016 de 1.10 €/$).

En France, le PIB-PPA par habi­tant était de 42.920 $ en 2016. Soit mensuel­le­ment 3.277 $  (selon la banque mondiale).

L’em­preinte écolo­gique mondiale étant deux fois trop élevée, il faudrait réduire par deux le « pouvoir d’achat » (= PIB-PPA/humain) de chaque humain par deux. Si l’on consi­dère que l’on traite tous les humains de la même façon (un indien, un français, un nord améri­cain), alors il faut divi­ser par 2,5 (1.298/3.277) le pouvoir d’achat moyen des français ? Soit une réduc­tion de près de 60% !

Ouaahhhh ! Des volon­taires ? Faut-il appliquer la même cure d’aus­té­rité à Bernard Arnault qu’à un français au RSA ?

Première ques­tion à laquelle on a tenté de répondre dans l’ar­ticle : ne peut-on essayer de décor­ré­ler mieux le pib et l’em­preinte écolo­gique ?

Deuxième ques­tion : l’in­di­ca­teur PIB-PPA/h est-il le bon ? Est-il celui qui repré­sente le mieux notre bonheur ?

Bien sûr que non ! Pour en savoir plus , consul­ter le site du FAIR, le Forum pour d’Autres Indi­ca­teurs de Richesse.

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Pourquoi l’éga­lité est meilleure pour tous

 Parce qu’un petit dessin vaut mieux qu’un long discours, tout d’abord cinq graphiques se passant de tout commen­taire. Pour une ving­taine de pays de l’OCDE, ils mettent en évidence une corré­la­tion signi­fi­ca­tive entre le niveau d’iné­ga­li­tés (abscisse) et un indi­ca­teur (ordon­née) pris dans les cinq domaines suivants : éduca­tion, santé, insé­cu­rité, inno­va­tion, écolo­gie.

ÉDUCATION : niveau en maths et en lecture/écriture et inéga­li­tés de reve­nus

inegaeduc

SANTÉ : taux d’adoles­cents en surpoids et inéga­li­tés de reve­nus

inegasurpoids

CRIMINALITÉ : taux d’in­car­cé­ra­tion et inéga­li­tés de reve­nus

inegaprisons

INNOVATION : taux de brevets et inéga­li­tés de reve­nus

inegabrevets

ÉCOLOGIE : taux de recy­clage et inéga­li­tés de reve­nus inengarecyclage

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La crois­sance est termi­née !

Pourquoi la crois­sance, c’est fini ?

Lorsque le mot « crois­sance » est cité 84 fois dans le commu­niqué du G20 de juin 2012, on peut penser que la ques­tion mérite d’être posée. Aussi, si vous avez une petite heure à consa­crer au sujet, je vous recom­mande vive­ment cet article en quatre parties de Jean Gadrey, profes­seur émérite d’éco­no­mie à l’Uni­ver­sité de Lille1, membre de la commis­sion Stiglitz sur les nouveaux indi­ca­teurs de richesse.

L’ar­ticle «  La baisse tendan­cielle du taux de crois­sance » (oct. 2009) se décom­pose ainsi :

Et si l’ar­ticle vous a plu, je ne saurais que vous recom­man­der la lecture de son livre « Adieu à la crois­sance »(192 p. 14 €, déc. 2011).

   Je vous invite égale­ment à lire l’in­ter­view de Dennis Meadows, co-auteur du rapport « Halte à la crois­sance ? » établi en 1972. Une actua­li­sa­tion« The limits to Growth – The 30-year update », sortie en 2004, a été traduite en français « Les limites à la crois­sance » en . . . 2012 ! L’ac­tua­li­sa­tion conforte les projec­tions faites en 1972. Lire l’in­ter­view :Nous n’avons pas mis fin à la crois­sance, la nature va s’en char­ger et La crois­sance mondiale va s’ar­rê­ter (juin 2012).

Sinon, prenez 5–10 mn pour lire ci-dessous un court résumé de l’ar­ticle de J.Gadrey sus-cité.

   L’ar­ticle « la baisse tendan­cielle du taux de crois­sance » de Jean Gadrey en quelques lignes et graphiques.

Premier constat, la baisse tendan­cielle du taux de crois­sance de 1950 à 2014 est UN FAIT :taux_croissance_france_1950-2014Source : Taux de crois­sance française de 1950 à 2014, INSEE,

    Remarque : Le taux de crois­sance est géné­ra­le­ment fourni sans tenir compte de l’aug­men­ta­tion de la popu­la­tion. Or ce qui importe ce n’est pas la taille du gâteau (PIB) mais la taille des parts (PIB/habi­tant, cf. Bonus en fin d’ar­ticle). Ce qui conduit à accen­tuer sensi­ble­ment la pente, la popu­la­tion française augmen­tant.

   Ce constat réalisé, Jean Gadrey fait l’in­ven­taire des causes struc­tu­relles :

  1. Impor­tance du secteur des services où les gains de produc­ti­vité sont de fait limi­tés : on ne peut obte­nir des gains de produc­ti­vité aussi impor­tants que ceux qui ont permis de réduire l’em­ploi dans l’agri­cul­ture (méca­ni­sa­tion, remem­bre­ment) et l’in­dus­trie (robo­ti­sa­tion). D’au­tant qu’en 2012, des gains substan­tiels ont déjà été atteints grâce à l’in­for­ma­ti­sa­tion et la mise en réseau (collecte de l’in­for­ma­tion). Comment augmen­ter la produc­ti­vité d’un ensei­gnant, d’un soignant, d’un travailleur social, d’un conseiller, . . . Plus crûment : à quand l’en­sei­gnant ou le méde­cin robot ?

  2. Renché­ris­se­ment du coût de l’éner­gie (hydro­car­bures) et des ressources natu­relles (mine­rais, …) : le prix du pétrole a été multi­plié par un facteur deux à trois depuis 1975 pour des raisons poli­tiques (OPEP). Le pétrole a passé son pic de produc­tion autour du milieu des années 2000. Ce fait physique conduit à une tendance haus­sière durable du prix du baril jusqu’à un niveau voisin des autres sources d’éner­gies, renou­ve­lables (photo­vol­taïque, renou­ve­lable, biomasse, …) ou non (pétrole non conven­tion­nel, sables bitu­mi­neux, gaz de schistes …) ;Prix pétrole 1861-2005 BP-2007

   Ainsi il faut désor­mais faire mieux avec moins alors que durant les trente glorieuses l’on a fait mieux avec plus : de 1945 à 1980, multi­pli­ca­tion par CINQ de la quan­tité de pétrole par habi­tant au niveau mondial puis, après une dimi­nu­tion de 20%, le niveau stagne depuis 1985. Proba­ble­ment bais­sera-t-il encore étant donné l’ac­crois­se­ment de la popu­la­tion mondiale.

   Rajou­tez à tout cela 40 ans de vie à crédit (dettes publiques et privées) et une dette écolo­gique (chan­ge­ment clima­tique, effon­dre­ment de la biodi­ver­sité, . . . ) sur laquelle nous ne pour­rons faire défaut, et il n’y a plus qu’à espé­rer le retour de Jésus !

   Et à ceux qui pense­raient que la France décline(rait) à cause des 35 h, des dépenses publiques, de l’immi­gra­tion, des minima sociaux, des allo­ca­tions fami­liales, des fraudes aux pres­ta­tions sociales, de trop-de-fonc­tion­naires, des grèves, de la fisca­lité, des allo­ca­tions chômage, des rigi­di­tés du contrat de travail, de la retraite à 60 ans, . . . ,  je propose le graphique suivant : il met en évidence la baisse tendan­cielle du taux de crois­sance de quatorze pays repré­sen­ta­tifs de l’OCDE de 1962 à aujourd’­hui. Notons que certains d’entre-eux ne sont pas des exemples en terme de justices, sociale et écono­mique.

Cliquez ici pour visua­li­ser le graphique actua­lisé.

Au point de vue mondial, l’OCDE dans son rapport Hori­zon 2060 : pers­pec­tives de crois­sance écono­mique globale à long terme (2012), écrit à la page 8 :  » De plus de 7 % par an pendant les dix dernières années, la crois­sance des pays hors OCDE tombera aux alen­tours de 5 % dans les années 2020 puis à envi­ron la moitié de ce taux à l’ho­ri­zon 2050, tandis que la crois­sance tendan­cielle de la zone OCDE s’éta­blira autour de 1,75% à 2,25% par an en moyenne. »

   Si ce résumé person­nel ne vous convainc pas alors lisez les quatre parties de l’ar­ticle « La baisse tendan­cielle du taux de crois­sance » (J. Gadrey, oct. 2009) :

Le graphique ci-dessous synthé­tise les tendances prédites dans le rapport Meadows en 1972 (courbes en poin­tillés) et obser­vées depuis (courbes conti­nues) sur la période 1970–2000.

   Confon­dant, non ?

Espé­rons que l’hu­ma­nité réagira avant l’ef­fon­dre­ment prévi­sible d’ici 10 à 20 ans. À moins qu’il n’ait commencé en juillet 2007 avec la crise des subprimes, la chute de Lehman Brothers , . . .

À la date de cet article le sommet de la Terre Rio+20 vient de se termi­ner en retrait sur les enga­ge­ments du premier sommet de la Terre de Rio en 1992, c’est à dire sur . . . RIEN !

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Bonus 
: autre présen­ta­tion de la baisse tendan­cielle du taux de crois­sance, par décen­nie et par habi­tant, par Olivier Berruyer de l’ex­cellent blog Les Crises :

Et main­te­nant, si vous y croyez encore un peu, je vous invite à enton­ner avec La Pari­sienne Libé­rée, cette prière à la crois­sance :