Depuis la crise de 2007–2008, la croissance est sur une tendance bien plus faible qu’avant !,
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Faut-il réhabiliter Malthus ? Oui et non
Pourquoi OUI et NON ? Parce que comme chez de nombreux auteurs, il y a du bon et du mauvais, du vrai et du faux. Ceci est d’autant plus vrai que l’ auteur considéré, tel Malthus (1766–1834) ici, est ancien.
Je passerais rapidement sur l’argument portant sur le statut de Malthus, « Cet homme, qui, soit dit en passant, était pasteur anglican » (sic dans cet article). Comme si l’on pouvait discréditer les travaux de Mendel sous prétexte qu’il était moine catholique !
Nota : ayant trouvé, depuis l’écriture de cet article, un autre plus convaincant, je vous en suggère la lecture : L’injustice faite à Malthus. Mais n’hésitez pas à revenir ici pour débattre

L’épargne des ménages est très fortement concentrée parmi les hauts revenus
Taux d’épargne médian par quintile de revenu disponible en 2009
Source : page 55 de la Revue ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 472–473, 2014, INSEE.
Le signal prix dans l’usage de la voiture
La taxation du carbone pour la réduction de l’usage de la voiture particulière : utile ou nécessaire ?
Cet article fait suite à l’article Au sujet du prix du carbone questionnant de l’utilité ou de la nécessité du prix à donner au carbone afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre l’objectif des +2°C maximum, le fameux facteur 4 concernant les pays riches dont la France fait partie. Dans ce précédent article nous avions survolé les différents impacts du prix du carbone sur les choix de consommation : sur l’alimentation, sur l’énergie (chauffage ou électricité résidentielles), sur les transports de personnes. Nous allons ici nous focaliser sur ce dernier aspect : l’impact du signal prix sur les émissions de gaz à effet de serre dues à l’usage de la voiture particulière.
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Depuis la crise de 2007–2008, la croissance est sur une tendance bien plus faible qu’avant !
Le graphique ci-dessous illustre le propos du directeur de la recherche économique chez Natixis, filiale de BPCE, lequel écrit dans son article : « Le FMI s’interroge sur la croissance à moyen terme » : » Dans son rapport d’avril 2015, le FMI s’interroge sur la possibilité de converger vers la trajectoire de croissance d’avant crise. Sa réponse est clairement négative : la croissance potentielle, celle qui ne crée pas de tensions inflationnistes, sera durablement plus réduite que celle constatée avant la crise. [..] On ne retournera pas vers la tendance passée mais pire on s’en éloignera de plus en plus. « .
Cette tendance ne fait donc que confirmer la baisse tendancielle inéluctable du taux de croissance que Jean Gadrey mettait en évidence en 2009 dans son livre « Adieu à la croissance ».
Vous pouvez en retrouver un résumé sur son blog. L’article « La baisse tendancielle du taux de croissance » (oct. 2009) se décompose ainsi :

Le découplage entre PIB et Empreinte écologique est-il possible ?
On entend encore dire : » continuons à nous développer car cela nous permettra d’être économiquement plus riches et technologiquement plus performants, et donc cela nous permettra de résoudre les problèmes écologiques « .
Parfois, ceux qui disent cela, pour faire sérieux, évoquent la courbe environnementale de Kuznets, dont la validité est, hélas pour eux, contestée.
Tentons de poser le problème en deux graphiques montrant les faits, dont on dit qu’ils sont têtus !
La corrélation Empreinte écologique / PIB par habitant d’un pays est manifeste
Attention : les échelles sont logarithmiques afin de permettre de visualiser sur un même graphique la plupart des grands pays dont les PIB et les empreintes écologiques par habitant varient d’un facteur 1 à 10 !
L’Empreinte écologique d’un habitant d’un pays est donc fortement corrélée au PIB/habitant de ce pays (2003). Difficilement contestable !
Mais ce qui est globalement vrai aujourd’hui peut-il être faux demain et/ou pour certains pays ? Autrement dit peut-on découpler, la croissance du PIB de la croissance de l’empreinte écologique, en particulier pour les pays dont cette dernière est IN-SOU-TE-NABLE ? Ces pays sont tous ceux dont l’empreinte par personne est supérieure à 2 ha environ, c’est à dire TOUS les pays dits développés, France incluse bien sûr.
L’ Allemagne, l’exception ?
Prenons le cas de l’Allemagne, un des rares pays qui a vu son empreinte écologique par habitant se réduire depuis 1980 alors que son PIB par habitant croissait. Sur le graphique ci-dessous, sont représentés le PIB/allemand (courbe bleue), l’empreinte écologique/allemand (courbe pourpre) entre 1960 et 2005. L’Allemagne a manifestement réussi de découpler l’empreinte écologique du PIB de ses habitants.
Est-ce suffisant ?
Pour cela nous avons prolongé la tendance de l’évolution de l’Empreinte écologique (droite rouge) jusqu’à ce que qu’elle croise la valeur soutenable (droite verte). Soutenable signifie celle à laquelle chaque être humain à droit si l’on admet qu’elle doit être égale pour tous, Allemands, Français, Chinois, Brésiliens, …
Source : Supplément France du Rapport Planète Vivante 2008, GlobalFootprintNetwork.
Que constatons-nous ?
L’empreinte écologique d’un allemand devient soutenable à partir de . . . 2067 (environ 1 ha pour chacun des 10 probables milliards d’humains).
Que pouvons-nous en conclure ?
Au vu de ces tendances, la DETTE ÉCOLOGIQUE qui continuera à s’accumuler jusqu’à cette date sera-t-elle remboursable ? Et si la charge de cette DETTE, sur laquelle il ne sera pas possible de faire défaut, augmente ?
La charge de cette DETTE, c’est à dire le coût croissant qu’il faudra consentir à payer pour la rembourser, ne conduira-t-il pas à un moment donné à rendre inéluctable le « défaut de paiement », c’est à dire l’effondrement de nos sociétés, incapables de restaurer l’environnement sur lequel s’appuie pourtant leur fameuse croissance ?
L’avènement du pic de production du pétrole ainsi que celui de bien d’autres ressources ne constituent-ils pas déjà des obstacles à la restauration de notre environnement duquel on prélève des quantités sans cesse croissantes de matières premières nécessaires à notre « PIB » ?
Vers la fin de cette vidéo Sans lendemain l’on peut voir les courbes de consommation de nombreuses ressources naturelles NON RENOUVELABLES. C’est vers la 24e minute !
Question sans réponse : pour que l’empreinte écologique décroisse à un rythme suffisamment vite pour que la dette soit remboursable, ne faut-il pas que le PIB croisse moins vite, voire DÉCROISSE ?
Mais est-ce la bonne question ? N’est-elle pas plutôt : étant donné qu’une rapide décroissance de notre empreinte écologique est un impératif, un objectif vital, la question du sens de l’évolution du PIB qui s’ensuivra n’est-elle pas dénuée d’intérêt, ou tout au moins secondaire ?
Cependant, si la question du découplage de la croissance et de l’empreinte écologique vous travaille, alors je vous invite à lire cet article de Jean Gadrey : Alain Lipietz et le « découplage » entre croissance du PIB et réduction de l’empreinte écologique.
Le cas de la France et de nos voisins Belges et Espagnols
Addendum 2018 :
Pour finir, pour ceux que la décroissance (des riches) fait peur, je vais rajouter une couche :
Selon la Banque mondiale, le PIB-PPA par humain était en 2016 de 15.583 $ . Soit mensuellement 1.298 $ (soit 1.427 Euros au taux de change moyen 2016 de 1.10 €/$).
En France, le PIB-PPA par habitant était de 42.920 $ en 2016. Soit mensuellement 3.277 $ (selon la banque mondiale).
L’empreinte écologique mondiale étant deux fois trop élevée, il faudrait réduire par deux le « pouvoir d’achat » (= PIB-PPA/humain) de chaque humain par deux. Si l’on considère que l’on traite tous les humains de la même façon (un indien, un français, un nord américain), alors il faut diviser par 2,5 (1.298/3.277) le pouvoir d’achat moyen des français ? Soit une réduction de près de 60% !
Ouaahhhh ! Des volontaires ? Faut-il appliquer la même cure d’austérité à Bernard Arnault qu’à un français au RSA ?
Première question à laquelle on a tenté de répondre dans l’article : ne peut-on essayer de décorréler mieux le pib et l’empreinte écologique ?
Deuxième question : l’indicateur PIB-PPA/h est-il le bon ? Est-il celui qui représente le mieux notre bonheur ?
Bien sûr que non ! Pour en savoir plus , consulter le site du FAIR, le Forum pour d’Autres Indicateurs de Richesse.
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Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous
Parce qu’un petit dessin vaut mieux qu’un long discours, tout d’abord cinq graphiques se passant de tout commentaire. Pour une vingtaine de pays de l’OCDE, ils mettent en évidence une corrélation significative entre le niveau d’inégalités (abscisse) et un indicateur (ordonnée) pris dans les cinq domaines suivants : éducation, santé, insécurité, innovation, écologie.
ÉDUCATION : niveau en maths et en lecture/écriture et inégalités de revenus
SANTÉ : taux d’adolescents en surpoids et inégalités de revenus
CRIMINALITÉ : taux d’incarcération et inégalités de revenus
INNOVATION : taux de brevets et inégalités de revenus
ÉCOLOGIE : taux de recyclage et inégalités de revenus 
La croissance est terminée !
Pourquoi la croissance, c’est fini ?
Lorsque le mot « croissance » est cité 84 fois dans le communiqué du G20 de juin 2012, on peut penser que la question mérite d’être posée. Aussi, si vous avez une petite heure à consacrer au sujet, je vous recommande vivement cet article en quatre parties de Jean Gadrey, professeur émérite d’économie à l’Université de Lille1, membre de la commission Stiglitz sur les nouveaux indicateurs de richesse.
L’article « La baisse tendancielle du taux de croissance » (oct. 2009) se décompose ainsi :
- Les constats ;
- Les facteurs structurels ;
- La surexploitation de la nature et les “externalités” ;
- « Sortir de la croissance » pour aller de l’avant.
Et si l’article vous a plu, je ne saurais que vous recommander la lecture de son livre « Adieu à la croissance »(192 p. 14 €, déc. 2011).
Je vous invite également à lire l’interview de Dennis Meadows, co-auteur du rapport « Halte à la croissance ? » établi en 1972. Une actualisation« The limits to Growth – The 30-year update », sortie en 2004, a été traduite en français « Les limites à la croissance » en . . . 2012 ! L’actualisation conforte les projections faites en 1972. Lire l’interview :“Nous n’avons pas mis fin à la croissance, la nature va s’en charger“ et “La croissance mondiale va s’arrêter” (juin 2012).
Sinon, prenez 5–10 mn pour lire ci-dessous un court résumé de l’article de J.Gadrey sus-cité.
L’article « la baisse tendancielle du taux de croissance » de Jean Gadrey en quelques lignes et graphiques.
Premier constat, la baisse tendancielle du taux de croissance de 1950 à 2014 est UN FAIT :Source : Taux de croissance française de 1950 à 2014, INSEE,
Remarque : Le taux de croissance est généralement fourni sans tenir compte de l’augmentation de la population. Or ce qui importe ce n’est pas la taille du gâteau (PIB) mais la taille des parts (PIB/habitant, cf. Bonus en fin d’article). Ce qui conduit à accentuer sensiblement la pente, la population française augmentant.
Ce constat réalisé, Jean Gadrey fait l’inventaire des causes structurelles :
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Importance du secteur des services où les gains de productivité sont de fait limités : on ne peut obtenir des gains de productivité aussi importants que ceux qui ont permis de réduire l’emploi dans l’agriculture (mécanisation, remembrement) et l’industrie (robotisation). D’autant qu’en 2012, des gains substantiels ont déjà été atteints grâce à l’informatisation et la mise en réseau (collecte de l’information). Comment augmenter la productivité d’un enseignant, d’un soignant, d’un travailleur social, d’un conseiller, . . . Plus crûment : à quand l’enseignant ou le médecin robot ?
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Renchérissement du coût de l’énergie (hydrocarbures) et des ressources naturelles (minerais, …) : le prix du pétrole a été multiplié par un facteur deux à trois depuis 1975 pour des raisons politiques (OPEP). Le pétrole a passé son pic de production autour du milieu des années 2000. Ce fait physique conduit à une tendance haussière durable du prix du baril jusqu’à un niveau voisin des autres sources d’énergies, renouvelables (photovoltaïque, renouvelable, biomasse, …) ou non (pétrole non conventionnel, sables bitumineux, gaz de schistes …) ;
Ainsi il faut désormais faire mieux avec moins alors que durant les trente glorieuses l’on a fait mieux avec plus : de 1945 à 1980, multiplication par CINQ de la quantité de pétrole par habitant au niveau mondial puis, après une diminution de 20%, le niveau stagne depuis 1985. Probablement baissera-t-il encore étant donné l’accroissement de la population mondiale.
Rajoutez à tout cela 40 ans de vie à crédit (dettes publiques et privées) et une dette écologique (changement climatique, effondrement de la biodiversité, . . . ) sur laquelle nous ne pourrons faire défaut, et il n’y a plus qu’à espérer le retour de Jésus !
Et à ceux qui penseraient que la France décline(rait) à cause des 35 h, des dépenses publiques, de l’immigration, des minima sociaux, des allocations familiales, des fraudes aux prestations sociales, de trop-de-fonctionnaires, des grèves, de la fiscalité, des allocations chômage, des rigidités du contrat de travail, de la retraite à 60 ans, . . . , je propose le graphique suivant : il met en évidence la baisse tendancielle du taux de croissance de quatorze pays représentatifs de l’OCDE de 1962 à aujourd’hui. Notons que certains d’entre-eux ne sont pas des exemples en terme de justices, sociale et économique.
Cliquez ici pour visualiser le graphique actualisé.
Au point de vue mondial, l’OCDE dans son rapport Horizon 2060 : perspectives de croissance économique globale à long terme (2012), écrit à la page 8 : » De plus de 7 % par an pendant les dix dernières années, la croissance des pays hors OCDE tombera aux alentours de 5 % dans les années 2020 puis à environ la moitié de ce taux à l’horizon 2050, tandis que la croissance tendancielle de la zone OCDE s’établira autour de 1,75% à 2,25% par an en moyenne. »
Si ce résumé personnel ne vous convainc pas alors lisez les quatre parties de l’article « La baisse tendancielle du taux de croissance » (J. Gadrey, oct. 2009) :
- Les constats ;
- Les facteurs structurels ;
- La surexploitation de la nature et les “externalités” ;
- « Sortir de la croissance » pour aller de l’avant .
Le graphique ci-dessous synthétise les tendances prédites dans le rapport Meadows en 1972 (courbes en pointillés) et observées depuis sur la période 1970–2000.
Confondant, non ?
Espérons que l’humanité réagira avant l’effondrement prévisible d’ici 10 à 20 ans. À moins qu’il n’ait commencé en juillet 2007 avec la crise des subprimes, la chute de Lehman Brothers , . . .
À la date de cet article le sommet de la Terre Rio+20 vient de se terminer en retrait sur les engagements du premier sommet de la Terre de Rio en 1992, c’est à dire sur . . . RIEN !
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Bonus : autre présentation de la baisse tendancielle du taux de croissance, par décennie et par habitant, par Olivier Berruyer de l’excellent blog Les Crises :
Et maintenant, si vous y croyez encore un peu, je vous invite à entonner avec La Parisienne Libérée, cette prière à la croissance :