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Préjugé sur le lien entre chômage et minima sociaux
L’on entend parfois dire, jusque dans les hautes sphères politiques, que les minima sociaux (RSA, . . . ) contribueraient au chômage, certains bénéficiaires préférant s’en contenter plutôt que de rechercher un emploi.
Mais alors, cela doit se constater au niveau du taux de chômage, non ?
Voyons voir ce que dit ce premier graphique qui met en relation le montant des minima sociaux (relativement au seuil de pauvreté à 60 % de chacun des pays) et le taux de chômage pour 14 pays de l’Union Européenne en 2003.
Légende : les montants de prestations-types d’assistance sociale nettes sont rapportés aux seuils de pauvreté à 60 % du niveau de vie des ménages en 2003. Il s’agit ici du cas d’un couple avec deux enfants. Pour d’autres cas voir tableau en fin de page. Lecture : en France, les minima sociaux pour un couple avec deux enfants représentaient en 2003 72% du seuil de pauvreté à 60% et le taux de chomage était de 8,9%. Sources : pour les minima sociaux, OCDE repris dans le rapport « Un panorama des minima sociaux en Europe », p. 8, revue « Etudes et résultats », DREES, N° 464, février 2006. Pour le chômage : base de données en ligne d’Eurostat. |
Si corrélation il y a, il semblerait plutôt qu’elle soit négative : plus les minima sont élevés, plus le taux de chômage est faible.
Il est à noter qu’en France, le pouvoir d’achat du RMI/RSA-socle n’a augmenté que de + 3 % entre 1990 et 2010, tandis que celui du Smic horaire progressait de 29 % et le niveau de vie médian de 27 % (source : Contre la pauvreté, l’emploi ne suffit pas , Alternatives Economiques n° 319 – décembre 2012).
Cette étude comparative sur les minima sociaux est la plus récente (cf. tableau ci-dessous). Si vous trouvez des données plus récentes que ce tableau de la p.8 du rapport « un panorama des minima sociaux en Europe », je suis preneur.
Ci-dessous, le classement de ces quatorze pays selon les trois situations familiales du tableau : personne seule, parents avec deux enfants, parent isolé avec deux enfants.
- La France se situe en 6e position, juste au dessus de la moyenne européenne, pour une personne seule.
- La France se situe en 5e position, sous la moyenne européenne, pour un couple avec deux enfants.
- Et enfin, la France se situe en 7e position, sous la moyenne de l’UE-14, pour un parent seul avec deux enfants.
Relativement au SMIC, le RMI-RSA a perdu 23% de sa valeur entre 1990 et 2013, soit de 66,5 à 51,2 heures de travail au Smic brut. Pour en savoir plus : lire cet article de Jean Gadrey : Le grand retour de « l’assistanat » : sur quelques idées fausses
Sur les minima sociaux, montant et modalités d’attributions, nombre de bénéficiaires, voir aussi : Préjugés sur les minima sociaux.
Sur d’autres idées reçues sur les raisons du chômage :
accessibles à partir de l’article général : Préjugés sur les raisons du chômage
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Mots clés : chômage – emploi – habitant – actif – volume de travail – heures travaillées – ouvrées – classement – comparaison internationale – OCDE – Union europeenne – 35 heures – préjugé – idée reçue – minima sociaux – indemnisation – SMIC – RSA.
Liste des idées reçues au sujet des causes du chômage
Les idées reçues sur les raisons du chômage :
accessibles à partir de l’article général : Préjugés sur les raisons du chômage
Préjugé sur le lien entre chômage et durée annuelle du travail
La relation entre quantité de travail annuelle des travailleurs et taux de chômage, établie sur 34 pays de l’OCDE (année 2012), montrent plutôt que plus les actifs travaillent durant l’année, plus le taux de chômage est important.
Quoique la corrélation ne soit pas très significative, le graphique ci-dessous illustre cela. Donc jusqu’à preuve du contraire, augmenter la durée du travail annuel, ne réduit pas le chômage.
Et pourtant, le 24 septembre 2009, le Medef proposait un plan choc pour créer un million d’emplois. Parmi les mesures : revenir sur les 35h, supprimer deux jours fériés sur 11. Autrement dit : « travailler plus ».
Et pourtant, peu après le gouvernement Hollande-Valls par la voix de son Ministre de l’économie, E. Macron, ex-banquier d’affaire, assouplissait la législation sur le travail du Dimanche. Autrement dit : « travailler plus » également.
Pour l’accés aux sources de données OCDE, voir liens en fin d’article. L’année est 2012
Commentaire du graphique :
La durée annuelle de travail des actifs en Allemagne, Danemark, Norvège et au Pays Bas est moindre qu’en France. Le taux de chômage aussi. A l’opposé, la Grèce, l’Espagne et le Portugal, où les actifs en emploi travaillent plus, connaissent des taux de chômage importants. Bien sûr il y a des exceptions telles que la Corée et le Mexique.
Maintenant, ceci est pour l’année 2012. Je tâcherais prochainement d’approfondir la question en étudiant cette relation pour différentes années et différentes périodes, si les données sont disponibles.
Sur d’autres idées recues sur des causes de chômage, lire mes billets :
accessibles à partir de l’article général : Préjugés sur les raisons du chômage
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Les sources des données OCDE ayant permis l’établissement du graphique sont en accès libre ici :
* Taux de chômage harmonisé
* Heures moyennes annuelles ouvrées par travailleur
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Mots clés : chômage – emploi – habitant – actif – volume de travail – heures travaillées – ouvrées – classement – comparaison internationale – OCDE – Union europeenne – 35 heures – préjugé – idée reçue – minima sociaux – indemnisation – SMIC – RSA.
La France, cancre de l’emploi ! Vraiment ?
Selon le Xerfi, ce constat est FAUX : pour la période 2000–2013, la France, depuis l’année 2000 fait mieux que les Pays-Bas, l’Italie, et le Royaume-Uni, beaucoup mieux que les États-Unis et le Danemark, comme l’atteste le graphique ci-dessous relativement à sept pays souvent cités en modèle (Allemagne, Suède, Pays-Bas, Italie, Royaume-Uni, Danemark, États-Unis).
Lecture du graphique : Le volume de travail représente le nombre d’heures de travail effectuées dans l’année par la population en âge de travailler. En effet, ces huit pays présentant des dynamiques démographiques différentes, ne pas en tenir compte serait non pertinent en terme de comparaison.
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Notons que le Danemark a été longtemps vanté pour sa « flexisécurité », flexisécurité vers laquelle nous avons fait un pas. À raison ?
L’Allemagne, le nouveau « bon élève », fait certes mieux que la France. Mais à quel prix ? Tout le monde a en mémoire les emplois à 1 € par exemple !
Il n’en reste pas moins qu’en France, le taux de chômage actuel, et en particulier celui des jeunes, et la qualité des emplois créés sont loin d’être satisfaisants. Cependant, quoiqu’il en soit, il est des causes à ce chômage que l’on ne peut pas retenir : indemnités chômage trop généreuses, minima sociaux trop élevés, rigidité du code de travail, … Je vous invite à lire cet article et ceux qui y sont reliés sur ces non-causes du chômage.
Un prochain billet tentera d’identifier les causes potentielles du chômage et de proposer d’autres pistes que la précarisation de l’emploi et l’austérité pour les plus pauvres.
Le graphique ci-dessus est extrait de la vidéo La France cancre de l’emploi ? C’EST FAUXdu Xerfi que je vous suggère de visionner. J‘en propose cependant une synthèse à partir des principaux graphiques qui y sont présentés et commentés.
Résumé de la vidéo La France cancre de l’emploi ? C’EST FAUX (3’41 », Nov. 2014)
Au vu des taux de chômage harmonisé (graphique ci-dessous), on pourrait penser la France incapable de créer du travail.
Or, en terme de création d’emplois totale, la France fait aussi bien que nombre de « bons élèves » (Allemagne, États-Unis, Pays-Bas), le Royaume-Uni et la Suède restant de loin meilleurs.
Mais il y a emploi et emploi. Ainsi par exemple, au Royaume-Uni existent des contrats de travail qui ne garantissent aucun volume hebdomadaire minimal de travail : celui qui en bénéficie peut très bien ne pas travailler du tout durant des périodes égales ou supérieures à une semaine, durée de référence pour différencier un chômeur d’un employé. On les appelle les contrats zéro heure (lire :Royaume-Uni : 1,4 million de « zéro heure », Alternatives économiques, juin 2014).
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C’est pourquoi il est plus pertinent de mesurer le volume de travail créé, celui-ci pouvant se répartir en plus ou moins d’emplois à temps partiels ou à temps complets. C’est ce volume que représente le graphique ci-dessous.
Et comme les dynamiques démographiques ne sont pas les mêmes, il est nécessaire de rapporter à la population en âge de travailler :
Conclusion : la France n’est pas le cancre de l’emploi a minima depuis l’an 2000. Si les contrats 0 heures en GB, la lexisécurité au Danemark ou les contrats à un € en Allemagne ont peut-être (j’en doute) été des solution optimales pour ces pays, les 35h n’auraient-elles pas été la solution optimale, au moins pour notre pays ?
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Mots clés : chômage – emploi – habitant – volume de travail – heures – travaillées -ouvrées – classement – comparaison -OCDE – Union européenne – 35 heures préjugé – idée reçue.
Préjugés sur les raisons du chômage
Si les facteurs tels que générosité des minima sociaux et/ou des indemnités chômage, rigidité des contrats de travail, recherche d’emploi insuffisante de la part des chômeurs, … avaient une influence majeure sur les taux de chômage, comment s’expliqueraient les disparités importantes de ces taux à l’intérieur d’un même pays. En effet, ces dispositifs sont uniformes sur l’ensemble des territoires nationaux.
Démonstration en trois cartes concernant la France, l’Allemagne et la Belgique !
Si des minima sociaux et/ou des indemnités chômage trop généreux, des contrats de travail trop rigides, des chômeurs trop fainéants, impactent le chômage alors . . .
Dans quatre articles sur le chômage, je tente de démontrer – chiffres et comparaisons internationales à l’appui – que l’on ne saurait expliquer le chômage de masse français par la « fainéantise » de nos chômeurs et/ou par la difficulté à licencier.
En effet, ces dernières années nous avons entendu diverses déclarations de ministres, tant du gouvernement Sarkozy-FIllon que celui de Hollande-Valls qui laissent sous entendre que le chômage de masse est dû :
- À la différence trop faible entre montant du RSA et SMIC qui fait dire à L. Wauquiez, ministre du gouvernement Sarkozy-Fillon (mai 2011) : « Un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaill au SMIC » (8 mai 2011). Une contrevérité démentie dans cet article : Y a-t-il une corrélation entre le chômage et les minima sociaux ? ;
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Aux « faux chômeurs » qui ne cherchent pas de travail qui fait dire à M. Rebsamen, ministre du travail du gouvernement Hollande-Valls (sept. 2014) : « 350.000 offres d’emploi ne trouvent pas preneur dans un pays qui compte 3,4 millions de chômeurs. C’est insupportable ». Une contrevérité démentie dans cet article : Préjugé sur le lien entre chômage et « faux-chômeurs ;
- À la trop haute protection des salariés en CDI qui fait dire à Manuel Valls, 1er Ministre du gouvernement Hollande-Valls (oct. 2014) : « Le fonctionnement du marché du travail n’est pas satisfaisant, car il ne crée pas assez d’emplois, il génère des inégalités importantes entre d’une part des salariés très protégés en CDI et d’autre part des salariés très précaires en CDD et en intérim. C’est là-dessus qu’il faut agir » . Une contrevérité démentie dans cet article : Préjugé sur le lien entre chômage et rigidité du contrat de travail ;
- À une indemnisation trop généreuse des chômeurs qui fait dire à Manuel 1er : « La France a une préférence pour le chômage de masse bien indemnisé, c’est un fait. » (Berlin, septembre 2014) ou « Nous, en France, avons fait le choix d’un chômage très important et très bien indemnisé. » (Londres, 6 octobre 2014). Une contrevérité démentie dans cet article : Préjugé sur le lien entre chômage et générosité des allocations chômage ;
- À une durée annuelle de travail insuffisante qui justifierait les propositions de Medef de revenir sur les 35h, de supprimer deux jours fériés sur 11. Et la proposition de E. Macron ministre du gouvernement Hollande-Valls par la voix de son Ministre de l’économie, E. Macron, ex-banquier d’affaire, d’assouplir la législation sur travail du dimanche. Une contrevérité démentie dans cet article : Préjugé sur le lien entre chômage et durée annuelle du travail .
. . . comment expliquer des disparités de taux de chômage aussi importantes à l’intérieur d’un même pays ?
Les trois cartes ci-dessous suffisent à justifier la question suivante : si les prestations sociales, les assurances chômage et la protection de salariés, uniformes sur ces territoires nationaux, sont les causes principales du chômage, alors comment expliquer qu’elles ne produisent pas les mêmes effets selon les régions de ces pays .
Ci-dessous les cartes du taux de chômage en France, en Allemagne et en Belgique mettent en évidence ces importantes disparités :
- France : de 6,5 à plus de 11% selon les départements
- Allemagne (2012) : de 3,6 à 10,9% selon les régions ;
- Belgique (2013) : de 4 à 20% selon les communes ;
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Mots clés : chômage – emploi – habitant – actif – volume de travail – heures travaillées – ouvrées – classement – comparaison internationale – OCDE – Union europeenne – 35 heures – préjugé – idée reçue – minima sociaux – indemnisation – SMIC – RSA.
Préjugé sur le lien entre chômage et « faux-chômeurs »
M. Rebsamen, ministre du travail du gouvernement Hollande-Valls, a déclaré en septembre 2014 :
« 350.000 offres d’emploi ne trouvent pas preneur dans un pays qui compte 3,4 millions de chômeurs. C’est insupportable ! »
Insupportable ? Vraiment ? Spécificité française ? Bien au contraire !
L’Allemagne a un taux d’emplois vacants près de CINQ fois supérieur à celui de la France !!!!!
Ci-dessous les taux d’emplois vacants de 30 pays européens en 2014 (UE28, Suisse, Norvège, source : Eurostat, pour 2015 ICI).
Cerclé de vert, ce bon élève – l’Allemagne – que l’on devrait imiter.
Cerclé de rouge, la vilaine France !
En terme de taux d’emplois vacants, la France est donc très bien placée, n’en déplaise à M. Rebsamen.
Si tant est que ce soit réalisable, supprimer ces 0,6% d’emplois vacants réduirait le taux de chômage de 0,6% mais le coup n’est pas rejouable. On passerait donc de 10,8 à 10,2%. Géniaaallllll !!!
Rappelons que Pôle Emploi peut radier les chômeurs pour une dizaine de motifs différents dont le refus de deux « offres raisonnables d’emploi » consécutives.
Pour en savoir plus sur la mesure et les raisons de ces emplois vacants : Offres d’emploi non pourvues : la machine à fantasme.
Y a-t-il une corrélation entre taux de chômage et taux d’emplois vacants?
Voyons voir : le graphe ci-dessous met en relation le taux d’emplois vacants (abscisses) et le taux de chômage (ordonnée).
Comme on pouvait s’y attendre: plus le taux de chômage est élevé, plus le taux d’emplois vacants est faible.
En effet, un taux de chômage faible signifie un taux important d’offres d’emplois et donc un taux d’emplois vacants également important : il y a toujours un délai entre la parution d’une offre d’emploi et son pourvoi.
Encore une rengaine néolibérale visant à stigmatiser les chômeurs servie cette fois, et c’est un comble, par un gouvernement « » » » » de gauche « » » » » !
Épilogue !
Et moi qui croyais que la stigmatisation des faibles et des minorités était l’apanage des gouvernements de droite, décomplexée ou non !
On se souvient par exemple de cette déclaration de L. Wauquiez, ministre du gouvernement Sarkozy-Fillon : « Un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au SMIC » (8 mai 2011). Une contrevérité démentie ICI .
Sur d’autres idées reçues sur les raisons du chômage :
accessibles à partir de l’article général : Préjugés sur les raisons du chômage
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* Fichier source Eurostat : http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/File:Job_Vacancy_Rate_by_country_2014Q1.PNG
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Mots clés : chômage – emploi – habitant – actif – volume de travail – heures travaillées – ouvrées – classement – comparaison internationale – OCDE – Union europeenne – 35 heures – préjugé – idée reçue – minima sociaux – indemnisation – SMIC – RSA.

Préjugé sur le lien entre chômage et rigidité du contrat de travail
Manuel 1er a dit : « Le fonctionnement du marché du travail n’est pas satisfaisant car il ne crée pas assez d’emplois, il génère des inégalités importantes entre d’une part des salariés très protégés en CDI et d’autre part des salariés très précaires en CDD et en intérim. C’est là-dessus qu’il faut agir » (Manuel Valls, l’Obs, 22 octobre 2014).
Et pourtant, selon l’OCDE difficilement soupçonnable d’être noyautée par les syndicats, en terme de protection des salariés en CDI, la France, quoiqu’un peu plus protectrice que trois des quatre pays scandinaves, est moins protectrice que la Suède, l’Allemagne, les Pays-Bas qui connaissent pourtant des taux de chômage plus faibles.
La preuve par l’image :
En outre, l’on ne décèle aucune corrélation significative entre l’indice de protection de l’emploi et le taux de chômage comme l’atteste le graphique ci-dessous :Source des données OCDE : http://stats.oecd.org/Index.aspx?lang=fr , onglets Marché du travail puis Protection d’emploi (ou direct ICI).
Cette protection « excessive » des CDI ne saurait donc être une explication satisfaisante au taux de chômage français.
Mais bon, si Jean Tirole, notre prix d’économie de la banque de Suède en l’honneur d’Alfred Nobel*, dit le contraire !!!
En outre, les CDD français comptent parmi les plus protecteurs des pays de l’OCDE. Les inégalités entre CDI et CDD n’est donc, une fois de plus qu’un fantasme destiné à un nivellement vers le bas.
En savoir plus sur la question du chômage, des CDD et des CDI : Marché du travail : Manuel Valls devrait se renseigner davantage !(G. Duval, Alternatives Économiques, oct 2014).
Sur d’autres idées reçues au sujet des raisons du chômage :
accessibles à partir de l’article général : Préjugés sur les raisons du chômage
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* Le (vrai) prix Nobel d’économie n’existe pas ! Je répète : le prix Nobel d’économie n’existe pas.
Bonus à l’attention des fainéants de fonctionnaires, enseignants ou pas, et des chômeurs : pour vous distraire, un site qui recense 140 AlterDocus : La preuve par l’image
En un clic, vous accéderez librement à chacun de ces alterdocus : Le Traité de libre échange TAFTA, La fabrication du consentement (Noam Chomsky), La stratégie du choc (Naomi Klein), Le Monde selon Monsanto (Marie-Monique Robin), La société du spectacle (Guy Debord), TV-Lobotomie (Pascal Desmurget), Les nouveaux chiens de garde (G. Ballastre), Inside Job, La maffia de l’eau (conférence), …
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Préjugé sur le lien entre chômage et générosité des allocations chômage
Manuel 1er a taclé récemment le choix hexagonal en matière de chômage :
Berlin, fin septembre 2014: « La France a une préférence pour le chômage de masse bien indemnisé, c’est un fait. »
Londres, 6 octobre 2014 : « Nous, en France, avons fait le choix d’un chômage très important et très bien indemnisé. »
Sous-entendu : à trop indemniser les chômeurs, l’on favorise le chômage. Rengaine néolibérale classique.
Voyons si, globalement, le niveau de dépenses consacrées aux chômeurs est corrélé au taux de chômage. Grâce aux données d’Eurostat, c’est assez facile : comme l’indique le graphique ci-dessous, la corrélation est très faible (R2 = 0,11). Et si elle était significative elle serait même plutôt négative : plus les dépenses par chômeur sont importantes et plus le taux de chômage est faible.
Comme on peut le voir, l’Allemagne est environ 12% plus généreuse que la France (0,19 vs 0,17 points de PIB/point de chômage) et pourtant son taux de chômage est deux fois moindre (en 2013) !
Voir également barre-graphe ci-dessous.
Autrement dit, difficile de mettre sur le dos de la générosité globale de l’assurance chômage, le chômage de masse français. Et surtout n’oublions pas que :
- 52,2 % des chômeurs ne touchent rien ;
- 23 % touchent moins de 1.000 € brut ;
- 2,5 % touchent entre 2.000 € et le plafond ;
- et seuls 0,02 % touchent le plafond (7,084 € brut mensuel).
Pour en savoir plus sur la générosité de l’assurance chômage relativement à nos voisins car, les modalités de mise en oeuvre de l’assurance chômage étant très disparate, c’est un peu plus complexe que cela, lire :
- Les chômeurs français sont-ils trop indemnisés ?, Alternatives économiques, nov. 2014 ;
- La France indemnise-t-elle mieux les chômeurs que ses voisins ?, Le Monde, oct. 2014.
Actualité (décembre 2015) : » Un rapport de l’Institut de l’entreprise, un think tank financé par les grandes entreprises vient tailler en pièces l’idée en vogue selon laquelle les règles d’indemnisation du chômage en France seraient trop généreuses. Pour son auteur, Bruno Coquet, grand spécialiste du sujet, les déficits et la dette de l’Unedic ont été créés par un jeu de défausse de l’État, qui doit maintenant prendre ses responsabilités. « .
C’est ce que l’on peut lire dans l’article du Point « Déficit public : l’assurance chômage n’est pas coupable« . Le rapport de l’Institut de l’Entreprise incriminé est lisible sur le site de cette dernière ICI .
Sur d’autres idées reçues sur les raisons du chômage :
accessibles à partir de l’article général : Préjugés sur les raisons du chômage
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Mots clés : chômage – emploi – habitant – actif – volume de travail – heures travaillées – ouvrées – classement – comparaison internationale – OCDE – Union europeenne – 35 heures – préjugé – idée reçue – minima sociaux – indemnisation – SMIC – RSA.
Y a-t-il une corrélation entre le chômage et les minima sociaux ?
L’on entend parfois dire, jusque dans les hautes sphères politiques, que les minima sociaux (RSA, . . . ) contribueraient au chômage, certains bénéficiaires préférant s’en contenter plutôt que de rechercher un emploi.
Mais alors, cela doit se constater au niveau du taux de chômage, non ?
Voyons voir ce que dit ce premier graphique qui met en relation le montant des minima sociaux (relativement au seuil de pauvreté à 60 % de chacun des pays) et le taux de chômage pour 14 pays de l’Union Européenne en 2003.
Légende : les montants de prestations-types d’assistance sociale nettes sont rapportés aux seuils de pauvreté à 60 % du niveau de vie des ménages en 2003. Il s’agit ici du cas d’un couple avec deux enfants. Pour d’autres cas voir tableau en fin de page. Lecture : en France, les minima sociaux pour un couple avec deux enfants représentaient en 2003 72% du seuil de pauvreté à 60% et le taux de chomage était de 8,9%. Sources : pour les minima sociaux, OCDE repris dans le rapport « Un panorama des minima sociaux en Europe », p. 8, revue « Etudes et résultats », DREES, N° 464, février 2006. Pour le chômage : base de données en ligne d’Eurostat. |
Si corrélation il y a, il semblerait plutôt qu’elle soit négative : plus les minima sont élevés, plus le taux de chômage est faible.
Il est à noter qu’en France, le pouvoir d’achat du RMI/RSA-socle n’a augmenté que de + 3 % entre 1990 et 2010, tandis que celui du Smic horaire progressait de 29 % et le niveau de vie médian de 27 % (source : Contre la pauvreté, l’emploi ne suffit pas, Alternatives Economiques, n° 319 – décembre 2012).
Cette étude comparative sur les minima sociaux est la plus récente (cf. tableau ci-dessous). Si vous trouvez des données plus récentes que ce tableau de la p.8 du rapport » un panorama des minima sociaux en Europe « , je suis preneur.
Ci-dessous, le classement de ces quatorze pays selon les trois situations familiales du tableau : personne seule, parents avec deux enfants, parent isolé avec deux enfants.
- La France se situe en 6e position, juste au dessus de la moyenne européenne, pour une personne seule.
- Et enfin, la France se situe en 7e position, sous la moyenne de l’UE-14, pour un parent seul avec deux enfants.
Rajout (nov 2014) : relativement au SMIC, le RMI-RSA a perdu 23% de sa valeur entre 1990 et 2013 (en savoir plus : Le grand retour de « l’assistanat » : sur quelques idées fausses par Jean Gadrey, nov. 2014.
Sur les chiffres des minima sociaux, voir aussi : Préjugés sur les minima sociaux.
Sur d’autres contre-vérités au sujet des raisons du chômage :
Peut-être vous souvenez vous de ces déclarations de ministres divers, tant du gouvernement Sarkozy-FIllon que celui de Hollande-Valls qui laissaient sous entendre que le chômage de masse était dû :
- À la différence trop faible entre montant du RSA et SMIC qui fait dire à L. Wauquiez, ministre du gouvernement Sarkozy-Fillon (mai 2011) : « Un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaill au SMIC » (8 mai 2011). Une contrevérité démentie dans cet article : Y a-t-il une corrélation entre le chômage et les minima sociaux ? ;
- Aux « faux chômeurs » qui ne cherchent pas de travail qui fait dire à M. Rebsamen, ministre du travail du gouvernement Hollande-Valls (sept. 2014) : « 350.000 offres d’emploi ne trouvent pas preneur dans un pays qui compte 3,4 millions de chômeurs. C’est insupportable ». Une contrevérité démentie dans cet article : Préjugé sur le lien entre chômage et « faux-chômeurs » ;
- À la trop haute protection des salariés en CDI qui rigidifiait le marché du travail qui fait dire à Manuel Vallls, 1er Ministre du bgouvernement Hollande-Valls (oct. 2014) : « Le fonctionnement du marché du travail n’est pas satisfaisant, car il ne crée pas assez d’emplois, il génère des inégalités importantes entre d’une part des salariés très protégés en CDI et d’autre part des salariés très précaires en CDD et en intérim. C’est là-dessus qu’il faut agir » . Une contrevérité démentie dans cet article : Préjugé sur le lien entre chômage et rigidité du contrat de travail;
- À une indemnisation trop généreuse des chômeurs qui fait dire à Manuel 1er : « La France a une préférence pour le chômage de masse bien indemnisé, c’est un fait. » ( Berlin, septembre 2014) ou « Nous, en France, avons fait le choix d’un chômage très important et très bien indemnisé. » (Londres, 6 octobre 201). Une contrevérité démentie dans cet article : Préjugé sur le lien entre chômage et « faux-chômeurs » ;
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Mots clés : corrélation, cause à effet, incitation, profiteurs, oisiveté, préjugé, minima sociaux, prestations sociale, chômage, union européenne.