La France souffrirait de son obésité administrative, laquelle serait une des causes de l’ampleur de ses dépenses publiques. Voyons voir !
Certes, si l’on peut réduire la bureaucratie, faisons-le. Mais ne prêtons pas à cette réduction des vertus exceptionnelles, n’en faisons pas une solution miracle à tous nos problèmes !
Qui dit bureaucratie, pense – à tort – fonctionnaires.
Tout d’abord, il ne faut pas confondre « fonctionnaires » et « emplois publics » :
- Les fonctionnaires sont des agents d’une des 3 fonctions publiques (d’état, territoriale ou hospitalière). Si ils ont la chance d’être titulaires de leur poste, ils ont alors le statut de fonctionnaire, et le privilège de la sécurité de l’emploi. En effet, comme le privé, la fonction publique est grande pourvoyeuse de CDD et emplois précaires (près de 20%) ;
- Les seconds sont les emplois « financés » sur ressources publiques, quels que soient leurs statuts juridiques. Ainsi les employés de la sécurité sociale, constituée d’organismes pour la plupart privés, disposent de contrat de travail de droit privé. Ils ne sont donc pas fonctionnaires. Il en est de même pour les enseignants d’établissements scolaires privés sous contrat avec l’état (2 millions d’élèves répartis dans 8.800 établissements, essentiellement catholiques).
Cette précision faite, comparons le taux d’emplois publics et leurs coûts dans divers pays de l’OCDE.
Emplois publics, comparaison internationale
En 2008, l’Allemagne avec 55 emplois publics pour 1.000 habitants, se situe avec le Japon, dans le bas de la fourchette des pays de l’OCDE, avec 6 points de PIB sous la moyenne.
En 2008, la France, avec un point au dessus de la moyenne des pays de l’OCDE et 88 emplois publics pour 1.000 habitants, se situe dans le haut du tableau. Au même niveau que le Royaume-Uni. Loin derrière les quatre pays scandinaves dont les trois premiers sont entre 140 et 160, le 4e à 115.
L’écart entre ces deux pays “extrêmes” représente 7 points de PIB, soit 2.100 € par français et par an. Certains jugeront que c’est trop, certains que c’est acceptable. Tout dépend de la manière dont chacun estime le service rendu par ces employés.
Pour mémo : en 2010, le revenu moyen avant impôt des Français était de 33.000€ par adulte et par an (2.800€ par mois).
Et bien sûr, tous ces emplois sont loin d’être des emplois « bureaucratiques » : les enseignants, des bureaucrates ? Les personnels soignants des hôpitaux publics, des bureaucrates ? Et les conseillers de pôle emploi ? Et les chercheurs du CNRS ? …
Quoi qu’il en soit » En France, comme dans la plupart des pays de l’OCDE, les dépenses de rémunération du personnel représentent entre 10 % et 12 % du PIB « , précise le Conseil d’Analyse Stratégique.
Bonus : La vérité sur les fonctionnaires et les enseignants en 5 points et 10 lignes !
Actualisation (juin 2014) : le graphique ci-dessous illustre l’évolution de l’emploi dans les trois fonctions publiques, d’État (FPE), territoriale (FPT) et hospitalière (FPH), entre 2002 et 2012. Les trois confondus, les effectifs ont cru de 7%. L’emploi total a cru de 3%, croissance liée essentiellement à la croissance démographique.
Source (url du document) : http://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/statistiques/chiffres_cles/pdf/chiffres_cles_2014.pdf
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Note : En 2008, 5,2 millions d’emplois publics dont 2 millions de fonctionnaires d’État et 1,4 millions de fonctionnaires territoriaux (conseil régionaux, généraux, municipalités, …). Le reste, soit 1,8 million, se ventile sur les Établissements publics administratifs (EPA) non marchands ou de droit particulier : hôpitaux publics, ANPE, CNRS, Caisses nationales de Sécu, … Sur ces 5,2 millions seuls 4,4 millions (84%) sont titulaires et disposent donc de la sécurité de l’emploi.
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Sources :
* Les dépenses publiques en Allemagne : d’où proviennent les écarts avec la France ? (VI et fin). Éléments de synthèse, Arnaud le Chevalier, Alternatives Economiques, 2011.