Préju­gés sur l’im­mi­gra­tion

Les plus petits esprits ont les plus gros préju­gés. »,
Victor Hugo, Océan, Tas de pierres, 1842.

Neuvième d’une série d’ar­ticles démon­tant les préju­gés sur la pauvreté, l’as­sis­ta­nat, l’im­mi­gra­tion, les Roms, les dépenses publiques, . . .

9) Sur l’im­mi­gra­tion

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9–1) « L’im­mi­gra­tion augmente d’an­née en année en France »

VRAI et FAUX ! Depuis 1975, le taux d’immi­grés est quasi constant : 8,4 % en 2008  contre 7,4 % en 1975  (source: Évolu­tion de la part des popu­la­tions étran­gères et immi­grées en 2008,  INSEE).

Le solde migra­toire (entrées – sorties) annuel est, en taux, le plus faible de l’U.E. (cf. 9.3). Il a varié selon une tendance bais­sière de 1,7 en 2004 à 0,7 en 2011 (source : 2e et 6e colonnes de ce tableau, INED 2011).

Si l’on ne tient compte que des entrées, la France compte parmi les pays dont le nombre d’en­trées d’étran­gers rela­ti­ve­ment à la popu­la­tion totale est le plus bas comme l’at­teste le graphique ci-dessous.

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9–2) « Si on renvoyait les étran­gers1 dans leur pays, il y aurait moins de chômage en France »
ou
« Les étran­gers prennent des emplois aux Français »
ou
« Les étran­gers creusent le trou de la Sécu­rité sociale »

FAUX ! Globa­le­ment, la présence des popu­la­tions de natio­na­lité étran­gère en France crée de la richesse et donc de l’em­ploi, grâce à l’ap­port de consom­ma­tion, d’im­pôts et de coti­sa­tions (voir 9–6.). Les étran­gers sont aussi consom­ma­teurs, ils créent une demande supplé­men­taire et des emplois. Les études montrent que les migrants arri­vants créent leurs propres emplois.

« En imagi­nant une augmen­ta­tion de 10 % du flux d’im­mi­gra­tion au Royaume-Uni en 2007, le taux de chômage n’aug­men­te­rait alors que de 0,01 point au bout de 13 ans. » (source : Immi­grés: une boîte à outils pour répondre à Marine Le Pen et Nico­las Sarkozy, Caro­line Four­teau, mai 2011).

9–3) « La France est un des pays d’Eu­rope qui accueille le plus d’im­mi­grés »

FAUX ! En 2001, « avec un taux d’ac­crois­se­ment natu­rel de 4 pour 1000 et un taux d’ac­crois­se­ment migra­toire de 1 pour 1000, la France est le pays d’Eu­rope dont la crois­sance démo­gra­phique annuelle dépend le moins de l’im­mi­gra­tion ». 1 pour 1000 sigi­ni­fie 0,1% de la popu­la­tion française ! Grosse catas­trophe !!!

    Le solde migra­toire (entrées – sorties) ne repré­sente que 20 % de l’ac­crois­se­ment natu­rel de la popu­la­tion française. Il est en outre le PLUS FAIBLE de l’U.E..
En Alle­magne, la tota­lité de l’ac­crois­se­ment de la popu­la­tion est due au solde migra­toire, le solde natu­rel étant néga­tif !

   Source : « Cinq idées reçues sur l’im­mi­gra­tion », tableau 2, p. 2, INED, 2004.

   Comme l’illustre le graphique ci-dessous, les autres pays d’Eu­rope se trouvent entre ces deux extrêmes :

Bilan démographique Europe en 2001 en taux soldes naturel

   En 2009 et 2010, la situa­tion n’avait pas changé pour la France.

   Comme indiqué dans le graphique ci-dessous (colonne de droite), en 2010, la part des personnes immi­grées sur la popu­la­tion totale s’éle­vait à : Autriche : 16 %, Suède : 14 %, Espagne : 14 %, États-Unis : 13 %, Alle­magne : 13 %, France : 11 %2, Pays-Bas : 10 %, Royaume-Uni : 10 %, Belgique : 9 %, Italie : 7 % (source : Le nombre et la part des immi­grés dans la popu­la­tion : compa­rai­sons inter­na­tio­nales, Gilles Pison, INED, 2010).

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9–4) « Les familles immi­grées font beau­coup plus d’en­fants que les familles françaises natives »

Pas tant que cela ! « Dans la période 1991–1998, le nombre moyen d’en­fants par femme était de 1,65 pour les seules françaises natives. Les femmes immi­grées avaient en moyenne 2,2 enfants »  

Source : « Cinq idées reçues sur l’im­mi­gra­tion », Popu­la­tion et socié­tés, INED, 2004).

Voir égale­ment :  » Monde : existe-t-il un lien entre reli­gion et nombre d ‘enfants par femme ? « 

9–5) « La France accueille toute la misère du monde », sous-entendu : « Ce sont les popu­la­tions les plus pauvres qui immigrent en France »

FAUX ! « Dans l’en­semble, les migrants repré­sentent par rapport aux non-migrants de la société d’ori­gine une popu­la­tion sélec­tion­née : en meilleure santé, plus instruite, plus entre­pre­nante, dotée d’un mini­mum de ressources »  (source : « Cinq idées reçues sur l’im­mi­gra­tion », p. 4, Popu­la­tion et socié­tés, N° 397, INED, 2004).

La part des immi­grés diplô­més de l’en­sei­gne­ment supé­rieur est passée de 12 à 25 % entre 1990 et 2007. La moyenne natio­nale est de 29 % (sources : « L’ac­ti­vité des immi­grés en 2007 », INSEE et Immi­grés: une boîte à outils pour répondre à Marine Le Pen et Nico­las Sarkozy, Caro­line Four­teau, mai 2011).

9–6) « L’im­mi­gra­tion coûte 48 milliards d’Eu­ros à la France en pres­ta­tions sociales »

VRAI ! Mais elle rapporte 60 milliards d’€ en impôts et coti­sa­tions sociales chaque année.

Sources : minis­tère de la Santé et des Affaires Sociales et étude de l’uni­ver­sité de Lille-II de juillet 2010, et « Immi­grés: une boîte à outils pour répondre à Marine Le Pen et Nico­las Sarkozy« , Caro­line Four­teau, mai 2011.

La popu­la­tion immi­grée est en moyenne plus jeune et en bonne santé que les autres habi­tants de la France. Or dans les pres­ta­tions sociales la mala­die pèse 47 % et la retraite 31 % (les autres dépenses étant les allo­ca­tions chômage, le RSA, les allo­ca­tions loge­ment et les allo­ca­tions fami­liales). La popu­la­tion immi­grée est donc une chance pour aider au paie­ment des retraites.

En moyenne, la contri­bu­tion nette de chaque immi­gré (diffé­rence entre ce qu’il verse et ce qu’il reçoit en impôts et coti­sa­tions sociales) est de l’ordre de 1500 € par an.

Source : « Migra­tions et protec­tion sociale : étude sur les liens et les impacts de court et long terme » , rapport pour la DREES-MIRe, auprès des Minis­tères du travail, du budget et de la Santé.

   « En l’ab­sence de l’im­mi­gra­tion, le besoin de finan­ce­ment de la protec­tion sociale en France augmen­te­rait de 2 points de Produit Inté­rieur Brut (PIB). » (source : Immi­gra­tion : combien ça coûte, Xavier Choj­ni­cki, Lille 2, labo­ra­toires EQUIPPE et CEPII). 

Bien sûr, l’ap­port de l’im­mi­gra­tion à notre pays ne saurait se limi­ter à cet aspect comp­table : il est aussi et surtout humain, cultu­rel, scien­ti­fique, artis­tique, etc.

9–7) « Les étran­gers peuvent profi­ter faci­le­ment des minima sociaux »

FAUX ! Il faut être en posses­sion d’un titre de séjour et d’une carte de travail depuis au moins cinq ans pour béné­fi­cier du RSA si on est natif d’un pays exté­rieur à l’Union euro­péenne.

9–8) « Les étran­gers augmentent la délinquance »

FAUX ! 12,7 % du nombre de condam­nés sont étran­gers (source : minis­tère de la Justice), alors qu’ils repré­sentent envi­ron 8 % de la popu­la­tion française (cf. 9–3.). Quel écart trou­ve­rions-nous en fonc­tion de critères sociaux et non natio­naux ?

9–9) « Les immi­grés provoquent la baisse des salaires des natifs »

FAUX ! A en croire cette étude de la banque de France, c’est le contraire. Extrait du résumé : «  Pour comprendre cette asymé­trie et l’im­pact posi­tif de l’im­mi­gra­tion sur les salaires, nous explo­rons le lien entre immi­gra­tion et distri­bu­tion des natifs entre emplois « .

9–10) « Il y a 10 à 15 millions de musul­mans en France »

FAUX !  En 2010, 2,1 millions des adultes de 18 à 50 ans (7,8% de cette tranche d’âges) se décla­rait de confes­sion musul­mane (source :  » Trajec­toires  et Origines Enquête sur la diver­sité des popu­la­tions en France« , p124, INED, octobre 2010).  Si l’on extra­pole ce taux à toute la popu­la­tion – donc égale­ment les enfants de 0 à 18 ans ! – cela fait 5,1 millions d’in­di­vi­dus.

Pour les scep­tiques envers les statis­tiques offi­cielles, selon l’IFOP le taux serait de 5,8% de la popu­la­tion des plus de 18 ans soit 3,5 millions (source :  » ANALYSE : 1989–2009, Enquête sur l’im­plan­ta­tion et l’évo­lu­tion de l’Is­lam de France », p.4, IFOP, aout  2009).

On retrouve ces chiffres dans l’ar­ticle wiki­pe­dia L’is­lam en France.

  Pour aller lus loin sur la ques­tion de l’im­mi­gra­tion :

Trois petits films d’ani­ma­tion de deux minutes !

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1. Dans la défi­ni­tion de l’ONU, un immi­gré est une personne née en dehors du terri­toire concerné. Cela inclut donc les Français nés à l’étran­ger. En réalité, dans le sens commun adopté par l’INSEE, un immi­gré est une personne née étran­gère à l’étran­ger.

2. En incluant les Français nés à l’étran­ger, comme l’ONU le préco­nise dans ses calculs. La part des immi­grés de natio­na­lité étran­gère s’élève à 8 % (chiffre présenté par l’INSEE).