Évolu­tion de la dette publique hors service de 1979 à 2009 : sans les inté­rêts, elle repré­sen­te­rait 9 % du PIB en 2009

   Sur ce graphique, établi par l’éco­no­miste A.-J. Holbecq*, l’on visua­lise :

  • En trait noir gras continu : la dette publique réelle. 
  • En rouge, l’évo­lu­tion de la dette publique hors service, c’est à dire en consi­dé­rant un taux d’in­té­rêt des emprunts à taux nul !
  • En poin­tillé mauve, la partie de la dette corres­pon­dant aux inté­rêts.

Autre­ment dit l’aug­men­ta­tion de la dette entre 1979 et 2009 est unique­ment lié aux taux d’in­té­rêt. Sans ces inté­rêts, elle serait de 9% du PIB !!!!

Le rebond qui appa­rait à partir de mi 2008 est l’ef­fet de la crise finan­cière.

Evolution-Dette-constatee-et-sans-interets-1979-2009_HolbecCe graphique est paru dans l’ar­ticle  » Un billet impor­tant de André-Jacques Holbecq sur la dette publique  » sur le blog de Jean Gadrey, Profes­seur émérite d’éco­no­mie.

* A.J. Holbecq est l’au­teur avec Étienne Chouard et Philippe Derru­der de l’ou­vrage : La dette publique, une affaire rentable : A qui profite le système ?

Étienne Chouard explique bien tout ceci dans une courte video de 6’15 ».

Y a-t-il trop de fonc­tion­naires en France ?

La France souf­fri­rait de son obésité admi­nis­tra­tive qui serait une des causes de l’am­pleur de ses dépenses publiques. Voyons voir !

Certes, si l’on peut réduire la bureau­cra­tie, faisons-le. Mais ne lui prêtons pas non plus des vertus excep­tion­nelles, une solu­tion à tous nos problèmes !

Qui dit bureau­cra­tie pense, à tort, fonc­tion­naires.

D’où la première préci­sion utile : il ne faut pas confondre « fonc­tion­naires » et « emplois publics ». Les premiers sont des agents d’une des 3 fonc­tions publiques (d’état,  terri­to­riale ou hospi­ta­lière). Si ils ont la chance d’être titu­laire de leur  poste, ils ont alors le statut de fonc­tion­naire, et le privi­lège de la sécu­rité de l’em­ploi. En effet, comme le privé, la fonc­tion publique est grande pour­voyeuse de CDD et emplois précaires (près de 20%).

Cela dit, compa­rons le taux d’em­plois publics et leur coût dans les pays de l’OCDE.

En 2008, l’Al­le­magne avec 55 emplois publics pour 1.000 habi­tants, se situe avec le Japon, dans le bas de la four­chette des pays de l’OCDE, avec 6 points de PIB sous la moyenne.

En 2008, la France, avec un point au dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, se situe avec 88 emplois publics pour 1.000 habi­tants, dans le haut du tableau, au même niveau que le Royaume-Uni. Loin derrière les quatres pays scan­di­naves dont les trois premiers sont entre 140 et 160, le 4e à 115.

Taux d administration pays OCDE-1993-2008 CAS-2010-copie-1.Source du graphique : Tableau de bord de l’em­ploi public, Compa­rai­sons inter­na­tio­nales, p. 8, déc. 2010.

    L’écart entre ces deux pays “extrèmes” repré­sente 7 points de PIB, soit 2.100 € par français et par an. Certains juge­ront que c’est trop, certains que c’est accep­table. Tout dépend de la manière dont chacun estime le service rendu par ces employés.

Part remuneration publique dans PIB-pays OCDE-2008 CAS-2010

Pour mémo : en 2010, le revenu moyen avant impôt des Français était  de 33.000€ par adulte et par an (2.800€ par mois).

Et bien sûr, tous ces emplois sont loin d’être des emplois « bureau­cra­tiques » :  les ensei­gnants, des bureau­crates ? Les person­nels soignants des hopi­taux publics, des bureau­crates ? Et les conseillers de pôle emploi ? Et les cher­cheurs du CNRS ? ….

Les employés de la sécu­rité sociale, non fonc­tion­naires mais ayant un contrat de droit privé, des bureau­crates ? Peut-être mais rempla­cer ceux-ci par des employés de complé­men­taires santé concur­rentes et lais­sées au libre choix du citoyen ou de l’en­tre­prise, est-il préfé­rable ? Pas sûr : Complé­men­taires santé, le scan­dale !

Quoiqu’il en soit  » En France, comme dans la plupart des pays de l’OCDE, les dépenses de rému­né­ra­tion du person­nel repré­sentent entre 10 % et 12 % du PIB « , précise le Conseil d’Ana­lyse Stra­té­gique.

Bonus : La vérité sur les fonc­tion­naires et les ensei­gnants en 5 points et 10 lignes !

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Note : En 2008, 5,2 millions d’em­plois publics dont 2 millions de fonc­tion­naires d’État  et 1,4 millions de fonc­tion­naires terri­to­riaux (conseil régio­naux, géné­raux, muni­ci­pa­lité, …). Le reste, 1,8 millions, se ventile sur les Établis­se­ments publics admi­nis­tra­tifs (EPA) non marchands ou de droit parti­cu­lier : hôpi­taux publics, ANPE, CNRS, Caisses natio­nales de Sécu, … 4,4 millions, soit 80% sont titu­laires et disposent donc de la sécu­rité de l’em­ploi.

Sources :

* Les dépenses publiques en Alle­magne : d’où proviennent les écarts avec la France ? (VI et fin). Éléments de synthèse, Arnaud le Cheva­lier, Alter­na­tives Écono­miques, 2011.

* Tableau de bord de l’em­ploi public : situa­tion de la France et compa­rai­sons inter­na­tio­nales, Synthèse, CAS, 2010.