La crois­sance est termi­née !

Pourquoi la crois­sance, c’est fini ?

Lorsque le mot « crois­sance » est cité 84 fois dans le commu­niqué du G20 de juin 2012, on peut penser que la ques­tion mérite d’être posée. Aussi, si vous avez une petite heure à consa­crer au sujet, je vous recom­mande vive­ment cet article en quatre parties de Jean Gadrey, profes­seur émérite d’éco­no­mie à l’Uni­ver­sité de Lille1, membre de la commis­sion Stiglitz sur les nouveaux indi­ca­teurs de richesse.

L’ar­ticle «  La baisse tendan­cielle du taux de crois­sance » (oct. 2009) se décom­pose ainsi :

Et si l’ar­ticle vous a plu, je ne saurais que vous recom­man­der la lecture de son livre « Adieu à la crois­sance »(192 p. 14 €, déc. 2011).

   Je vous invite égale­ment à lire l’in­ter­view de Dennis Meadows, co-auteur du rapport « Halte à la crois­sance ? » établi en 1972. Une actua­li­sa­tion« The limits to Growth – The 30-year update », sortie en 2004, a été traduite en français « Les limites à la crois­sance » en . . . 2012 ! L’ac­tua­li­sa­tion conforte les projec­tions faites en 1972. Lire l’in­ter­view :Nous n’avons pas mis fin à la crois­sance, la nature va s’en char­ger et La crois­sance mondiale va s’ar­rê­ter (juin 2012).

Sinon, prenez 5–10 mn pour lire ci-dessous un court résumé de l’ar­ticle de J.Gadrey sus-cité.

   L’ar­ticle « la baisse tendan­cielle du taux de crois­sance » de Jean Gadrey en quelques lignes et graphiques.

Premier constat, la baisse tendan­cielle du taux de crois­sance de 1950 à 2014 est UN FAIT :taux_croissance_france_1950-2014Source : Taux de crois­sance française de 1950 à 2014, INSEE,

    Remarque : Le taux de crois­sance est géné­ra­le­ment fourni sans tenir compte de l’aug­men­ta­tion de la popu­la­tion. Or ce qui importe ce n’est pas la taille du gâteau (PIB) mais la taille des parts (PIB/habi­tant, cf. Bonus en fin d’ar­ticle). Ce qui conduit à accen­tuer sensi­ble­ment la pente, la popu­la­tion française augmen­tant.

   Ce constat réalisé, Jean Gadrey fait l’in­ven­taire des causes struc­tu­relles :

  1. Impor­tance du secteur des services où les gains de produc­ti­vité sont de fait limi­tés : on ne peut obte­nir des gains de produc­ti­vité aussi impor­tants que ceux qui ont permis de réduire l’em­ploi dans l’agri­cul­ture (méca­ni­sa­tion, remem­bre­ment) et l’in­dus­trie (robo­ti­sa­tion). D’au­tant qu’en 2012, des gains substan­tiels ont déjà été atteints grâce à l’in­for­ma­ti­sa­tion et la mise en réseau (collecte de l’in­for­ma­tion). Comment augmen­ter la produc­ti­vité d’un ensei­gnant, d’un soignant, d’un travailleur social, d’un conseiller, . . . Plus crûment : à quand l’en­sei­gnant ou le méde­cin robot ?

  2. Renché­ris­se­ment du coût de l’éner­gie (hydro­car­bures) et des ressources natu­relles (mine­rais, …) : le prix du pétrole a été multi­plié par un facteur deux à trois depuis 1975 pour des raisons poli­tiques (OPEP). Le pétrole a passé son pic de produc­tion autour du milieu des années 2000. Ce fait physique conduit à une tendance haus­sière durable du prix du baril jusqu’à un niveau voisin des autres sources d’éner­gies, renou­ve­lables (photo­vol­taïque, renou­ve­lable, biomasse, …) ou non (pétrole non conven­tion­nel, sables bitu­mi­neux, gaz de schistes …) ;Prix pétrole 1861-2005 BP-2007

   Ainsi il faut désor­mais faire mieux avec moins alors que durant les trente glorieuses l’on a fait mieux avec plus : de 1945 à 1980, multi­pli­ca­tion par CINQ de la quan­tité de pétrole par habi­tant au niveau mondial puis, après une dimi­nu­tion de 20%, le niveau stagne depuis 1985. Proba­ble­ment bais­sera-t-il encore étant donné l’ac­crois­se­ment de la popu­la­tion mondiale.

   Rajou­tez à tout cela 40 ans de vie à crédit (dettes publiques et privées) et une dette écolo­gique (chan­ge­ment clima­tique, effon­dre­ment de la biodi­ver­sité, . . . ) sur laquelle nous ne pour­rons faire défaut, et il n’y a plus qu’à espé­rer le retour de Jésus !

   Et à ceux qui pense­raient que la France décline(rait) à cause des 35 h, des dépenses publiques, de l’immi­gra­tion, des minima sociaux, des allo­ca­tions fami­liales, des fraudes aux pres­ta­tions sociales, de trop-de-fonc­tion­naires, des grèves, de la fisca­lité, des allo­ca­tions chômage, des rigi­di­tés du contrat de travail, de la retraite à 60 ans, . . . ,  je propose le graphique suivant : il met en évidence la baisse tendan­cielle du taux de crois­sance de quatorze pays repré­sen­ta­tifs de l’OCDE de 1962 à aujourd’­hui. Notons que certains d’entre-eux ne sont pas des exemples en terme de justices, sociale et écono­mique.

Cliquez ici pour visua­li­ser le graphique actua­lisé.

Au point de vue mondial, l’OCDE dans son rapport Hori­zon 2060 : pers­pec­tives de crois­sance écono­mique globale à long terme (2012), écrit à la page 8 :  » De plus de 7 % par an pendant les dix dernières années, la crois­sance des pays hors OCDE tombera aux alen­tours de 5 % dans les années 2020 puis à envi­ron la moitié de ce taux à l’ho­ri­zon 2050, tandis que la crois­sance tendan­cielle de la zone OCDE s’éta­blira autour de 1,75% à 2,25% par an en moyenne. »

   Si ce résumé person­nel ne vous convainc pas alors lisez les quatre parties de l’ar­ticle « La baisse tendan­cielle du taux de crois­sance » (J. Gadrey, oct. 2009) :

Le graphique ci-dessous synthé­tise les tendances prédites dans le rapport Meadows en 1972 (courbes en poin­tillés) et obser­vées depuis (courbes conti­nues) sur la période 1970–2000.

   Confon­dant, non ?

Espé­rons que l’hu­ma­nité réagira avant l’ef­fon­dre­ment prévi­sible d’ici 10 à 20 ans. À moins qu’il n’ait commencé en juillet 2007 avec la crise des subprimes, la chute de Lehman Brothers , . . .

À la date de cet article le sommet de la Terre Rio+20 vient de se termi­ner en retrait sur les enga­ge­ments du premier sommet de la Terre de Rio en 1992, c’est à dire sur . . . RIEN !

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Bonus 
: autre présen­ta­tion de la baisse tendan­cielle du taux de crois­sance, par décen­nie et par habi­tant, par Olivier Berruyer de l’ex­cellent blog Les Crises :

Et main­te­nant, si vous y croyez encore un peu, je vous invite à enton­ner avec La Pari­sienne Libé­rée, cette prière à la crois­sance :

Préju­gés sur les fraudes aux pres­ta­tions sociales

  Salauds de pauvres ? Les fraudes aux pres­ta­tions sociales repré­sentent 2% de l’en­semble des fraudes fiscales et sociales (France, 2010).

A en croire certains discours tel celui de N. Sarkozy (Bordeaux, novembre 2011), les défi­cits publics seraient liés à un manque à gagner de l’État lié aux fraudes aux pres­ta­tions sociales. La réalité est tout autre. Même si celles-ci existent et doivent être réduites par tous les moyens possibles, les fraudes sociales ne repré­sentent qu’une très faible part des fraudes avérées : envi­ron 2% de l’en­semble des fraudes sociales et fiscales comme l’illustre le graphique ci-dessous (France, 2010).

Légende : les fraudes des parti­cu­liers sont repré­sen­tées par les barres de teintes vertes (4,7 milliards d’€), celles des profes­sio­nels et entre­prises par les barres de teintes oran­gées (8,1 milliards d’€). Pour le détail, cliquez sur le graphique ci-dessous ou sur le bandeau qui suit.

Part fraudes prestations sociales dans fraudes totales Fran

Le chif­frage et ses sources sont dispo­nibles à partir de cet article La fraude fiscale coûte plus cher à l’État que la fraude sociale de Fran­ce24, ou en cliquant sur l’image asso­ciée ci-dessous :

La-Fraude-en-France_Infographie_France24.jpg

   Et si l’on prend en compte les esti­ma­tions de fraudes ?
Si l’on prend en compte non plus les fraudes avérées mais les esti­ma­tions alors la part des fraudes aux pres­ta­tions sociales reste tout aussi modeste. Ainsi :
   Concer­nant la fraude sociale réelle, tant au niveau des pres­ta­tions indues (parti­cu­liers) que des coti­sa­tions non réali­sées (employeurs), dans ce rapport parle­men­taire (juin 2011) on peut lire :« la fraude aux pres­ta­tions pour le régime géné­ral repré­sen­te­rait donc entre 2 et 3 milliards d’eu­ros » tandis que « la fraude aux prélè­ve­ments sociaux [..] repré­sen­te­rait entre 8,4 et 14,6 milliards d’eu­ros ».

   Les premières concer­ne­rait 1% des parti­cu­liers et les secondes 10 % des entre­prises. Il s’agit là d’es­ti­ma­tion extra­po­lée à partir de diverses sources françaises ou étran­gères.

   Concer­nant l’évasion fiscale réelle, le montant est très diffi­cile à mesu­rer. Tout au plus peut-on faire des esti­ma­tions par croi­se­ment de données. Ainsi :

  • Le juge Van Ruym­beke l’es­time à 20 milliards d’€ annuels ;
  • Dans son ouvrage « Ces 600 milliards qui manquent à la France » (mars 2012, inter­view sur France-Info, 8 mn), Antoine Peillon, jour­na­liste d’in­ves­ti­ga­tion, estime à 600 milliards le manque à gagner sur plusieurs décen­nies. Cette somme se répar­tit en deux parties entre les entre­prises et groupes d’une part (340 milliards) et les parti­cu­liers d’autre part (260 milliards). Il ne s’agit pas d’un flux annuel mais du stock consti­tué sur des décen­nies. Cela repré­sente en terme de manque à gagner fiscal annuel une somme de 32,5 milliards, soit 17% du budget de l’état, soit le budget total de l’édu­ca­tion natio­nale, 2e poste de dépenses après le service de la dette.

   Concer­nant la fraude fiscale : en 2005 elle est évaluée entre 20 et 25 Milliards d’€ par le Conseil des prélè­ve­ments obli­ga­toires, à 30 Milliards d’€ par la Direc­tion du Budget, ou encore à 50 Milliards d’€ par la Commis­sion Euro­péenne.

   On voit bien que la part des fraudes aux pres­ta­tions sociales est encore plus modeste selon ces esti­ma­tions de fraudes.

   Pour d’autres préju­gés sur les pres­ta­tions sociales, voir égale­ment : Préju­gés sur la sécu­rité sociale et la santé et  Préju­gés sur les pres­ta­tions fami­liales.

Très bon article sur un autre blog avec lien pour appro­fon­dir et toutes les sources des données : La fraude sociale sur la balance, par Jérôme Latta,  24 janvier 2014.

Préju­gés sur les élus !

18) Préju­gés sur les élus

18–1.  » Le cumul des mandats, une excep­tion française ! « 

VRAI ! La cham­pionne du monde est . . . la FRANCE avec 83% de dépu­tés cumu­lards. Le second, la Suède, arrive loin derrière avec 35% !

cumul mandats monde Alter-eco no-314 juin 2011

Figure 1 : Taux de dépu­tés cumu­lards dans diffé­rents pays (2011).

Ceci semble avoir un impact direct sur l’as­si­duité :

Conti­nuer la lecture

Préju­gés sur les dépenses publiques

17) Préju­gés sur les dépenses publiques

17–1)« Il y a trop de dépenses publiques ! »

FAUT VOIR ! Qui dit « trop », signi­fie qu’il faut en suppri­mer. Pourquoi pas ! Mais lesquelles et selon quels critères ?

Un constat : les dépenses publiques repré­sentent une part crois­sante du PIB .

Pourquoi ?

600x450-ct249 De 1978 à 2010 (33 ans), le poids des dépenses publiques dans le PIB s’est accru de 11,9 points de PIB. Comment une telle progres­sion se justi­fie-t-elle ?

Si l’on compare l’évo­lu­tion entre l’an­née 1978 et l’an­née 2010, la décom­po­si­tion de la progres­sion est la suivante :Evolution_entre_1978_et_2010_depenses_publiques_par_nature

De 1978 à 2010, l’aug­men­ta­tion des dépenses de fonc­tion­ne­ment (+1,3 pt) ne repré­sente que 11% de l’aug­men­ta­tion totale (+11,9 pt).

Peut-on, en rédui­sant le nombre d’em­plois publics (santé, éduca­tion, travailleurs sociaux, recherche, …) réduire ces dépenses sans enta­mer la qualité des services publics ?

Pas sûr !

N’est-il pas légi­time que le coût de la santé s’ac­croisse paral­lè­le­ment au déve­lop­pe­ment de nouvelles théra­pies ?

L’on peut cepen­dant se poser la ques­tion de la préven­tion : ne serait-il pas moins coûteux de préve­nir certaines mala­dies. Non seule­ment celles liées à notre mode de vie indi­vi­duel (séden­ta­rité, alimen­ta­tion, …) mais aussi à notre envi­ron­ne­ment collec­tif (polluants chimiques , …).

N’est-il pas légi­time que l’édu­ca­tion et la forma­tion prennent une part crois­sante ? Doit-on délé­guer ces fonc­tions à des établis­se­ments privés ?

Concer­nant les rému­né­ra­tions des emplois publics (fonc­tions publiques d’état, terri­to­riale et hospi­ta­lière), voir : Préju­gés sur les fonc­tion­naires.

L’es­sen­tiel de l’aug­men­ta­tion est due aux dépenses de trans­fert (+9,3 pts) et prin­ci­pa­le­ment celles de pres­ta­tions sociales (+7,5 pts) qui repré­sentent 63% de l’aug­men­ta­tion totale.

 Faut-il réduire ces pres­ta­tions sociales qui repré­sentent 45% des dépenses publiques ?

Ces pres­ta­tions concernent : la santé (mala­die, acci­dents du travail, inva­li­dité), la vieillesse et survie, la mater­nité  et la famille, le chômage, le loge­ment, la pauvreté et l’ex­clu­sion sociale.

Sur la pauvreté et l’ex­clu­sion, voir : Préju­gés sur les minima sociaux.

Sur la mater­nité et la famille, voir : Préju­gés sur les pres­ta­tions fami­liales.

Sur le chômage, voir : Préju­gés sur le chômage.

Sur la protec­tion sociale (santé et retraites ) : patience !

Hormis ces deux gros postes de dépenses (fonc­tion­ne­ment et pres­ta­tions) qui repré­sentent 80% de la dépense publique, il reste 20% se décom­po­sant en : charges d’in­té­rêts de la dette (4%), subven­tions et autres trans­ferts courants (10%), et enfin inves­tis­se­ment (6%) comme l’illustre ce graphique pour l’an­née 2010 :Repartition-depense-publique-2010_Gouv-2012

Source : Rapport sur la dépense publique et son évolu­tion, p. 11, graphique 1, Minis­tère du budget, des comptes publics et de la réforme de l’Etat, 2012.

En savoir plus : « La France a-t-elle trop de dépenses publiques ? » (C. Chava­gneux, Alter­na­tives écono­miques, juin 2012). L’ar­ticle réalise une compa­rai­son inté­res­sante avec l’Al­le­magne qui serait plus vertueuse en la matière et qu’il faudrait imiter selon certains !

17–2)  » Les charges pèsent trop sur les entre­prises et péna­lisent leur compé­ti­ti­vité ! »

FAUX ! Les « charges », que l’on devrait appe­ler coti­sa­tions sociales, sont des prélè­ve­ments obli­ga­toires sur votre salaire « super-brut ». Ils sont partie inté­grante de votre salaire « super-brut », lequel est la somme de votre salaire brut et des « charges » patro­nales. Les « charges » sala­riales sont préle­vées de votre salaire brut et conduise au salaire net. L’en­semble de ces « charges » contri­buent pour l’es­sen­tiel à votre propre protec­tion sociale (retraite, chômage, mala­die). Les autres prélè­ve­ments contri­buent à des objec­tifs collec­tifs ciblés tel le loge­ment,  les trans­ports, la forma­tion, ….Il s’agit donc en fait d’une partie des salaires qui est, soit différé (retraite, chômage, …) , soit socia­lisé (santé, éduca­tion, recherche, …).

    Notons au passage que les coti­sa­tions mala­die, famille et retraite, sont gérées par la Sécu­rité Sociale, orga­nisme de droit privé (ses employés ne sont donc pas des fonc­tion­naires !).

Une part plus réduite (CSG, …) de ces « charges » contri­bue au budget de l’état afin de procé­der à une redis­tri­bu­tion des richesses et/ou d’as­su­rer le fonc­tion­ne­ment des pouvoirs réga­liens (ordre, sécu­rité, justice, …) de l’état . Voir graphique ci-dessus répar­ti­tion de la dépense publique.

En résumé, ces « charges » corres­pondent donc à des dépenses collec­tives et ne pèsent donc pas plus sur les entre­prises que le salaire net. Il va de soit que bais­ser, l’un, l’autre ou les deux, fait bais­ser le coût du travail et peut donc augmen­ter la compé­ti­ti­vité  des entre­prises si celles-ci réper­cutent cela sur leur prix plutôt que sur leur profits.

Cepen­dant, si ces « charges » n’exis­taient pas, ce serait à chacun d’entre-nous de les réali­ser indi­vi­duel­le­ment en prenant des assu­rances privées pour nous proté­ger des acci­dents de la vie : chômage, mala­die, vieillesse, …

Ce système serait-il plus juste ? Moins coûteux ? Pas sûr ! Un bon exemple sont les dépenses de santé dans les pays de l’OCDE. Les Etats-Unis est un des rares pays où la part les dépenses privées (complé­men­taires santé, reste à charge) de santé sont plus impor­tantes que celle des dépenses publiques (sécu, …). Et c’est pour­tant le pays où la part des dépenses de santé dans le PIB est de loin le plus impor­tant : 15,3% contre 11,1% en France et 10,6% en Alle­magne. Pour quel résul­tat ? Concer­nant l’Al­le­magne rela­ti­ve­ment à la France, lire Santé : maîtrise des dépenses en France, finan­ce­ment prag­ma­tique en Alle­magne (Alter­na­tives écono­miques, avril 2012).

Un seul indi­ca­teur : l’es­pé­rance de vie en 2010 était de 3,2 ans moins élevée aux Etats-unis qu’en France, l’Al­le­magne et le Royaume-Uni se situant entre les deux (resp. 80 et 80,4 ans)

Au Royaume-Uni,  les dépenses totales de santé sont infé­rieures de 2,7 pts de PIB par rapport à la France. Cepen­dant, la part publique y est plus impor­tante qu’en France (87% contre 79,5% ). Notons qu’une spéci­fi­cité du système de santé britan­nique réside dans le fait que les méde­cins sont des employés du public.

Le graphique ci-dessous fait état des dépenses de santé dans divers pays de l’OCDE.Depenses_sante_privees_et_publiques_en_part_de_pib

 17–3)   » Les prélè­ve­ments obli­ga­toires limitent le pouvoir d’achat et péna­lisent donc l’em­ploi ! »

FAUX ! Les prélè­ve­ments obli­ga­toires corres­pondent à des dépenses collec­tives qui de fait se traduisent par des achats (collec­tifs) de biens ou de services. S’agis­sant des services, tels l’édu­ca­tion et la forma­tion, la santé, la recherche, l’aide au retour à l’em­ploi, . . . elles se retrouvent dans la consom­ma­tion des employés du public. S’agis­sant de biens, tels les infra­struc­tures routières, ferro­viaires, les établis­se­ments scolaires, les loge­ments sociaux, les équi­pe­ments spor­tifs ou cultu­rels,  …. elles génèrent de l’em­ploi, non délo­ca­li­sable, dans le bâti­ment, le génie civil, …

Si ces dépenses collec­tives n’exis­taient pas, ce serait à chacun d’entre-nous de réali­ser indi­vi­duel­le­ment certaines d’entre-elles auprès d’opé­ra­teurs privés (complé­men­taire santé, complé­men­taire retraite, établis­se­ment scolaire et univer­si­taire privés, cliniques privées, ….). Ce système serait-il moins coûteux ? Pas sûr : quid du coût de la commu­ni­ca­tion des entre­prises pour atti­rer des clients ? Quid de la rému­né­ra­tion des action­naires ?

En outre, ce système serait-il plus juste ? Un coup d’oeil outre-atlan­tique suffit à se rendre compte du contraire : ne peuvent prendre des assu­rances que ceux qui en ont les moyens. L’on voit ainsi des gens ne pouvant se soigner ou devant travailler jusqu’à la mort !